Au théâtre de la Ville, l’instrument à pression perd le rythme
Le théâtre de la Ville-Les abbesses offrait hier soir à quelques happy few la possibilité d’assister à la générale de la nouvelle création de David Lescot mis en scène par Véronique Bellegarde, “L’instrument à pression”, une cacophonie volontaire musicale et théâtrale.
Le début est magistral, un homme de dos se lance dans un thème jazz, un rond tel une lune le surplombe. Très vite, quelqu’un vient le titiller, ce quelqu’un c’est le brillant comédien Jacques Bonnaffé, qui, en mode incisif et surexcité vient lui expliquer comment faire sortir le souffle ou plutôt l’air chaud. Comment placer sa langue, son corps. Très vite on découvre que des instruments à pression jonchent le plateau, trompette, cornet de poche, bugle…L’élève apprend, dépasse le maître et tombe amoureux de la contrebassiste…ça tourne, ça tourne…pas si rond en fait, l’élève s’enferme et glisse dans la folie, à moins que ce ne soit du free jazz ?
Les temps musicaux et l’aspect concert du spectacle séduisent. Les musiciens sont hors pair et développent des sons rares. Le glissement de l’harmonie vers le vacarme, dans les notes et dans l’âme fonctionne. En revanche les choix de mise en scène ne sont pas limpides . Les vidéos , très belles, projetées en fond de scène sont certes agréables mais n’apportent rien au thème. De même la présence du vidéaste travaillant ces images sur le plateau brouille le regard plus qu’il n’apporte de substance au spectacle. Jacques Bonnaffé propose un jeu très en force empêchant au caractère théâtral du spectacle de développer sa nuance et sa poésie. L’histoire et les temps de concerts apparaissent alors hachés et inégaux. Très vite l’ennui grimpe et la lassitude est pressante.