Après le déluge à La rose des vents
Après Sisypshki, La rose des vents a présenté Après le déluge, une seconde pièce mise en scène par Thomas Piasecki au cours du festival Prémices de l’année 2013. Selon Piasecki, les deux pièces forment un diptyque : si Sisyphski se passe dans une cité minière des années 1920, Après le déluge est un conte un peu fantastique qui voit trois personnages coincés entre la vie et la mort, coincés dans une sorte de purgatoire fait de poussière. L’idée est intéressante, mais un texte trop lourd vient plomber le propos.
Le rapport entre les deux pièces est par ailleurs assez ténu : elles ont un personnage en commun, le vieil homme qui était le grand-père de la famille Sisyphski. L’une des jolies scènes est d’ailleurs celle qui est commune avec la pièce précédente : alors que l’on entend les voix des vivants, sur terre, faisant leurs adieux au corps mort du grand-père, on vit dans, Après le déluge, les réactions de ce même vieillard qui les entend depuis l’outre-tombe.
Autre jolie trouvaille, la scénographie : le sol est recouvert d’une terre poussiéreuse, qui transforme jusqu’à l’atmosphère de la salle puisque l’on sent autant que l’on ressent l’odeur tourbeuse et humide de cette terre entassée sur le plateau. Les comédiens s’y meuvent sans gêne, n’hésitant pas à salir leurs vêtements et leurs genoux, jouant même avec, créant ainsi des nuages de poussière qui, pris dans les lumières, forment de belles images. On se souviendra particulièrement d’une scène où l’un d’entre eux fait semblant de couper les cheveux de l’autre, la terre participant intégralement au mime.
Au-delà de la mise en scène et de l’argument (une femme vient de tenter de se suicider, elle se trouve dans une sorte d’antichambre de la mort, où elle rencontre un jeune homme philosophe et un vieillard), on est pris par un texte qui est bien trop ambitieux, trop verbeux pour parvenir à vraiment dire ce qu’il souhaite transmettre. Comme dans Sisyphski, l’écueil du misérabilisme n’est malheureusement pas évité, et l’on sombre vite dans une sombre torpeur provoquée par l’excès de texte et de pathos. Si Piasecki montre de belles idées de mise en scène, il lui faut encore épurer son texte et sa narration de scories qui, comme la terre qu’il a déposée sur le plateau, étouffent le propos.
Photos : © Jérémie Bernaert
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3 thoughts on “Après le déluge à La rose des vents”
Commentaire(s)
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Esmmo
Nous ne sommes pas d’accord sur ces 2 spectacles que j’ai vus avec beaucoup plaisir et émotion. Le texte touche, parler de l’ivg ou des tondues de la seconde guerre mondiale me semblent être de vrais sujets en échos à notre Histoire dans des petites histoires des personnages. Plus d’accords avec vous sur la mise en scène et la scénographie.
Peut-être préférez vous des spectacles “tout public” plus léger, plus divertissant?
Parce que, personnellement, je vois naître un artiste et une belle équipe (le comédien du grand père est magnifique) dont vous parlez peu.
Je parle de votre point de vue théâtral, bien sûr, quand j’apporte mon désaccord. La présence de ce site est très riche.
Au plaisir de vous lire et d’être d’accord ou pas.
Cordialement
Marc Esmmo
Audrey Chaix
“Peut-être préférez vous des spectacles « tout public » plus léger, plus divertissant?”
Pas vraiment, non ;)
Comme je l’explique dans cette critique, le texte, pour moi, est central au théâtre. Pour moi, ces deux pièces de Piasecki ne me satisfont pas au niveau du texte. C’est vraiment ce qui me dérange dans ces deux spectacles – rien à voir avec leur aspect lourd et triste.
(Si vous avez lu mes autres critiques du festival Prémices, vous verrez que mes deux pièces préférées sont A l’approche du point B et Purgatoire à Ingolstadt, qui ne font pas spécialement dans la légèreté et dans le divertissant !).
Au plaisir de continuer à échanger, sur ce ton qui est bien plus agréable et propice à la discussion,
Audrey
Esmmo
Nous nous rendons compte que tout cela est bien subjectif car si je vous parle de “A l’approche du point B”, je trouve que le texte est très faible même si l’univers m’a plutôt plu. J’avais l’impression de voir un théâtre très daté.
Je me suis laissé emmener comme dans un film pour Après le déluge pour l’autre (qui reste juste agréable et heureusement court) je suis resté à Lille. Et je n’ai pas envie de dire du mal, vraiment.
Juste pour revenir une seconde sur votre commentaire de Sisyphski et la maladie, le fait de raconter la silicose comme une blague récurante à ses enfants ou pendnt des fêtes de famille m’a plu et j’ai trouvé ça décalé comme je disais. Et quand je parlais de la mine, c’était sur le fait que le terme n’est pas employé, on la ressent dans l’univers et le propos de la pièce.
Et oui ce que vous pensez de « A l’approche du point B », je le pense pour « Après le déluge » et je pense être aussi passionné et apprécie être surpris et partir dans des voyages fantastiques avec juste de la terre, un piano et 3 comédiens.