Théâtre
AMOK de Stephan Zweig au Lucernaire

AMOK de Stephan Zweig au Lucernaire

25 October 2017 | PAR David Rofé-Sarfati

L’amok en Malaisie est un accès subit de violence meurtrière qui prend fin par la mise à mort de l’individu après que ce dernier a lui-même atteint un nombre plus ou moins considérable de personnes. Dans la nouvelle de Stephan Zweig, le narrateur rencontre dans un bateau au départ de Malaisie un Amok qui lui décrira sa folie lorsque, après une longue période d’isolement dans la jungle, il fut confronté à une femme blanche qui lui soumit une requête bien particulière.

En préambule, écrivons-le, notre chronique avoue son but, celui d’appeler son lecteur à réserver sa place car Amok de Moncorgé est une œuvre immense et incontournable. Amok de Stephan Zweig est publiée en 1922 et éditée en France en 1927. La nouvelle, une des plus célèbres de Zweig compte au moins cinq adaptations au cinéma, mais aucune au théâtre ( sauf en partie et mélangé avec La lettre d’une inconnue dans Nocturnes, en 1988 de Jacques Weber).  Amok d’Alexis Moncorgé, mise en scène par Caroline Darnay constitue donc une première tentative mondiale.

Romain Rolland, mentor puis ami très intime de Zweig écrit dans la préface à l’édition française :
Je ne veux pas analyser les nouvelles qu’on va lire. Je n’aime pas me substituer au public. La nouvelle Amok appartient aux plus lucides tragédies de la vie moderne, de l’éternelle humanité ; avec son odeur de fièvre de sang de passion et de délire maltais.
Dans les pas de Romain Rolland, nous vous conseillons de découvrir cet Amok adapté et incarné par Moncorgé et ceci pour au moins quatre raisons.
– Moncorgé est un immense performeur. Il allume une cigarette, l’éteint, nous regarde et commence le récit de son aventure d’amok. Pendant une heure et demie, nous oublierons tout, de nos sièges de théâtre à l’heure qu’il est. Montcorgé joue chaque personnage avec le même talent et la même force, comme la femme blanche bourgeoise dans un sur jeu léger et efficace.
– La mise en scène, la scénographie, les lumières sont ingénieuses et supportent la proposition du comédien. La scène de l’acmé de la fureur psychique est un bijou de construction dramatique.
– Moncorgé a compris l’Amok dans ce qu’il est non un horla, non pas un délire paranoïaque ou un épisode de décompensation, mais l’abandon intentionnel d’un sujet déjà fragile au versant intime de sa propre folie. Le spectateur saura de quoi il s’agit lorsque l’on parle d’Amok, car il l’aura vécu en direct-life dans la salle du Lucernaire.
– Enfin, Montcorgé, lointain petit fils de Zweig a respecté le texte, célébré son esprit. Il a su rendre compte de l’enchâssement du récit et de l’économie des détails propre à l’écriture du viennois. Il a su nous faire éprouver l’odeur de fièvre de sang de passion et de délire maltais

A aller vérifier vite.

Crédits photos : @ Christophe Brachet

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