
Alfredo Arias fait son Show au Théâtre de l’Athénée
Alfredo Arias à partir du texte ELLE de Jean Genet s’amuse à interpréter un Pape mélancolique, foutraque et baroque dans une partition qui a vieilli avec lui, cependant que nous sommes ravis de la retrouver car le rire et la bonne humeur sont toujours là.
Alfredo est Genet.
La pièce en un acte de Jean Genet fut éditée en 1955. ELLE écrit le manifeste militant pour les droits des homosexuels qui dans ces temps désormais anciens ne savaient lutter que par la seule posture du blasphème agressif et radical. La langue de Jean Genet, servie ici par la proximité de celui-ci avec Alfredo Arias sonne juste. Elle est scrupuleusement respectée dans ses mots et dans son esprit; aussi se retrouvent combinés la perversion revendiquée, l’anticonformisme militant et la joyeuse transgression. Cette langue magique se promène sur un chemin escarpé sans jamais chuter en alternant de mûrs travestissements et des provocations infantiles. Nous sommes au 21e siècle et si le plaisir de se promener en équilibre sur ce bord persiste, le texte a perdu, et c’est tant mieux, l’outrage et ainsi beaucoup de sa force. L’irrévérence a perdu de son charme.
Une farce pleine d’entrain et de bonne humeur.
Alfredo Arias aime les acteurs; la pièce est d’abord un magnifique Show au service de notre complice et partagé plaisir pour l’Acting. Alfredo Arias joue un/son personnage dans un clin d’oeil vers nous. Précédé d’un prologue édifiant sur la sexualité du pape, Juliette et le pape du Marquis de Sade, le texte de Jean Genet est suivi d’un magnifique épilogue-manifeste porté par une éblouissante comédienne Alejandra Radano qui clame en italien À un pape dans La Religion de mon temps de Pier Paolo Pasolini. Le prologue est un délicieux monologue servi par un sexy Marcos Montes. Celui-ci apostrophe le Pape à mi-chemin entre une vieille folle et un enfant de cœur. Cet apostrophe est pétri d’amour car le texte de Jean Genet parle de cela, avant tout. Puis tout. au long de la pièce les motifs comiques se succèdent sous un rythme soutenu. Un hilarant homme en tutu de poissons, porte jarretelle rouge et chapeau de paille, puis viendra une femme (électrisante Adriana Pegueroles) madame Loyal du spectacle armée d’une télécommande ou d’un fouet, puis une photographe attachante Alejandra Radano dans un rôle de merveilleuse candide à mi-chemin entre Giulietta Masina et Charlie Chaplin. Il y aura même la défécation du Pape en place de la communion.
Chaque tableau donnera le coup d’envoi à nos rires, dans cette pièce traversée par la bonne humeur, la joie et l’amour.
texte Jean Genet
mise en scène Alfredo Arias
avec Alfredo Arias, Marcos Montes, Adriana Pegueroles, Alejandra Radano
scénographie Alfredo Arias
collaboration à la scénographie Elsa Ejchenrand
costumes Pablo Ramirez
lumière Jacques Rouveyrollis
vidéo Alejandro Rumolino
son Thierry Legeai
musique Diego Vila
assistants à la mise en scène Olivier Brillet, Luciana Milione
assistante lumière Jessica Duclos
photo de Laura Lago©