
A Versailles, la Comédie-Française recrée « George Dandin », prolongé par « La Jalousie du Barbouillé »
Le Théâtre Montansier de Versailles, dirigé par Geneviève Dichamp et Frédéric Franck, renoue, en ce début de saison, son partenariat historique avec la Comédie-Française. Au programme, un George Dandin mis en scène par Hervé Pierre, intelligemment prolongé par La Jalousie du Barbouillé. A voir jusqu’au mardi 15 septembre.
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Sur scène, une maison de bois avec un étage découvert. Entre les planches, tout se voit. Et George Dandin, le riche propriétaire terrien marié à une jeune noble, pressent violemment l’adultère. Il le dit, il lui suffit d’entrer chez lui pour « y trouver un chagrin ». Proposée la saison dernière dans la salle du Vieux-Colombier (Paris 6e), cette vision de la pièce écrite en 1668 par Molière, met l’accent sur le côté tragique de cette histoire. On y entend en tout cas très bien le texte et ses différentes dimensions : la jeunesse d’Angélique, l’épouse, ou le fossé existant entre les catégories sociales. Et on y rit tout de même : le burlesque vient s’installer, en quelques endroits. On en vient ensuite à redécouvrir La Jalousie du Barbouillé, écrite en 1660, et dépeignant la même intrigue, augmentée d’un personnage de médecin horripilant et bavard. Un vrai plaisir bien divertissant, qui nous apporte un second point de vue sur les mêmes faits.
Ce spectacle en deux temps met les acteurs à l’honneur. Et certaines performances impressionnent : Jérôme Pouly, Dandin éploré devenant en quelques secondes un barbouillé burlesque ; ou Anna Cervinka, Angélique si sincère lors de sa supplication à son mari. Et l’extraordinaire Noam Morgensztern, à la personnalité clownesque éprouvée, nous ravit à chacune de ses apparitions : d’abord Lubin usant de son chapeau pour jouer les épouvantails, il endosse ensuite la barbe du médecin suffisant, et se montre brillant sur la célèbre tirade en dix points.
A certains moments, les partitions se font trop individuelles, et le rythme s’étire un peu. Il n’en reste pas moins que la vision offerte est parlante, et n’exclut pas le plaisir. On salue le retour de ces comédiens fidèles à l’intemporel Molière dans la ville de Louis XIV.
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George Dandin ou le Mari confondu, suivi de La Jalousie du Barbouillé, deux pièces de Molière mises en scène par Hervé Pierre. Avec Simon Eine, Catherine Sauval, Alain Lenglet, Jérôme Pouly, Anna Cervinka, Noam Morgensztern, Pierre Hancisse, et Anne Cantineau. Une production de la Comédie-Française. Durée : 1h45. Jusqu’au 15 septembre au Théâtre Montansier de Versailles, puis en tournée au Maroc.
Visuel : © Comédie-Française