Théâtre
7 ans de réflexion aux Bouffes parisiens  :  Guillaume de Tonquédec alias Richard Sherman résiste à tout sauf à la tentation…

7 ans de réflexion aux Bouffes parisiens : Guillaume de Tonquédec alias Richard Sherman résiste à tout sauf à la tentation…

07 October 2019 | PAR Geraldine Elbaz

Une comédie romantique et joyeuse portée par une troupe pétillante qui nous parle de voisinage, de fantasmes et de désirs, un été à New-York dans l’Amérique puritaine des années 50.

Richard Sherman, employé d’une maison d’édition, reste seul chez lui à Manhattan, après avoir envoyé femme et enfant à la campagne pour fuir la chaleur écrasante du mois de juillet. La chute d’un plant de tomates sur son balcon, qui manque de l’écraser et détruit sa chaise, devient le prétexte d’une rencontre avec la voisine du dessus (Alice Dufour), sublime créature qui sous-loue l’appartement pour l’été. Elle est voluptueuse, sensuelle et fascinante. La soirée est brûlante, propice à toutes les folies et Sherman est torturé par le désir de céder à la tentation.

Cette pièce a d’abord été écrite et montée à Broadway en 1952 par George Axelrod : The Seven Year Itch – Itch évoquant la démangeaison de la septième année de mariage – puis adaptée à l’écran par Billy Wilder en 1955 avec Marilyn Monroe et Tom Ewell dans les rôles principaux. De ce film, on retiendra principalement la scène mythique de la robe blanche de Marylin se soulevant au-dessus d’une bouche de métro.

Si la pièce traite de l’adultère, du désir et de son assouvissement, l’intérêt de l’histoire réside surtout dans la complexité des personnages, tiraillés entre leur attirance réciproque et la morale, entre l’envie de «croquer la pomme» et leur conscience.

Aristote, incarné par François Bureloup, nous dit que le désir entraine l’action et la fidélité de Richard est mise à l’épreuve. Il est troublé par cette femme qui fait irruption dans sa vie de manière fracassante et inopinée. Si sa femme le rappelle à l’ordre, lui défend de fumer et de boire ou bien l’appelle le soir à 22h, pour vérifier qu’il est bien chez lui, sans doute le pousse-t-elle involontairement à goûter à cette liberté défendue… La charmante voisine, dont on ne connait pas le nom, est ingénue et séductrice presque malgré elle. Elle représente la femme libre, jeune et sexy. En faisant tomber le tomatier par mégarde, elle déclenche à son insu le désir de son voisin du dessous.

Alea jacta est

Stéphane Hillel nous propose ici une mise en scène particulièrement créative en exposant au public l’intériorité des personnages via un système ingénieux et esthétique d’allers-retours entre le réel et l’imaginaire. Ainsi, quand Sherman attend sa voisine pour boire un verre et fantasme sa venue, on se retrouve projeté dans un épisode digne de Tex Avery, avec les yeux exorbités du mâle devant une femme fatale à la Jessica Rabbit. Pour la séduire, il jouera du Rachmaninov au piano et la magie opèrera. Le contraste avec la réalité n’en sera que plus saisissant et l’effet comique de la scène assez éloquent.

Alice Dufour, ancienne championne de France de gymnastique rythmique, a été danseuse au Crazy Horse, a travaillé notamment avec Nicolas Briançon (Faisons un rêve, Le canard à l’orange) et reprend cette fois le rôle de Marilyn Monroe en le réinterprétant à sa manière, sans chercher à l’imiter et en affirmant une nouvelle posture de sex symbol iconique.

Guillaume de Tonquédec, plus connu sous le nom de Renaud Le Pic dans la série à succès Fais pas ci, fais pas ça, a eu le César du meilleur acteur dans un second rôle pour Le Prénom en 2013, le Prix Beaumarchais du meilleur comédien pour La Garçonnière et campe ici un personnage haut en couleur.

7 ans de réflexion, Théâtre des Bouffes Parisiens, Du mardi au samedi à 20h30. Matinées le samedi à 16h30 et le dimanche à 15h00. 1h30 sans entracte

Visuels : ©Celine-Nieszawer

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Geraldine Elbaz
Passionnée de théâtre, de musique et de littérature, cinéphile aussi, Géraldine Elbaz est curieuse, enthousiaste et parfois… critique.

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