Théâtre

« L’épopée joyeuse »de Minyana au Rond Point

23 March 2013 | PAR Melissa Chemam

Le dramaturge Philippe Minyana rencontre le metteur en scène Frédéric Maragnani pour un spectacle d’une heure hors norme, dix saynètes, une dizaine de personnages, cinq acteurs, une source, un hameau étrange et quelques folles et femmes à barbe. A priori indescriptible fable drolatique, épopée joyeuse, qui offre une petite tranche d’humour et de philosophie absurde ‘on the road again’…

Le décor est poétique, une branche ornée de feuillage et de fleurs romantiquement agencée au dessus de la scène, et au premier plan, quelques fruits colorés posés nonchalamment par terre, l’ambiance se veut champêtre. Deux hommes entrent, et avec eux une fausse naïveté absurde, dès les premiers mots.

Il s’agit de Cri et Ga, deux amis sans âge, sans destinée, ancrés dans aucun contexte, deux noms jetés l’un à l’autre à travers les dialogues. Ils sont ici dans un pré, enfin, nous l’apprennent-ils. De ce pré, ils se réjouissent avec bonhommie, dégustant quelques fruits et se réjouissant de leur amitié. S’ensuivent ainsi dix tableaux, saynètes, entre jeu, voix off qui nous guide, humour et chants, ceux de Cri, qui régulièrement et comme l’annonce alors la voix off, se met à chanter. Ils se promènent ainsi du pré à un hameau où ils croisent une vache morte et une ‘femme folle’, puis dans un musée où apparait le neveu de Ga, puis au bord d’une source, avant d’atterrir aux portes de la maison de deux femmes à barbe…

Le Théâtre du Rond Point est connu pour son goût pour l’humour et la folie douce. ‘Cri et Ga cherchent la paix’ en est une belle illustration. Odyssée joviale d’une heure, ce texte écrit par Philippe Minyana, Grand Prix 2010 du Théâtre de l’Académie française, pour les deux comédiens dont les personnages presque éponymes reçoivent leurs noms monosyllabiques, Christophe Huysman et Gaetan Vourc’h. Ces deux non héros son ainsi baladés dans leurs joies et leurs tristesses, poussés à repenser au sens de l’amitié, l’amour – qui « est un poison » selon Cri, la famille, dans une recherche vaine d’un havre de paix et de la possibilité d’un vivre ensemble sans heurt ni psychose. Le tout sous la main absurde et drolatique du metteur en scène Frédéric Maragnani. Le texte est bref, elliptique syncopé, mais surtout faussement naïf, un peu poétique, un peu scatologique parfois, tellement humoristique qu’on ne compte plus les degrés. Peuplé de sœurs, de frères, de vieilles et d’illuminés, cet univers de conte du ‘théâtre parlé’ donne à voir un ensemble de numéros légers et hilarants. Un petit OVNI scénique bref et plutôt délicieux, comme les pommes tombées au premier plan.

 

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Melissa Chemam

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