Performance
Un « Spleenorama » spleenetique au Théâtre de la Bastille

Un « Spleenorama » spleenetique au Théâtre de la Bastille

16 September 2014 | PAR Yaël Hirsch

Deux ans après la révélation du spectacle musical qu’il a monté avec les Moriarty, Memories from the missing room, le talentueux et pluridisciplinaire Marc Lainé est de retour dans une pièce musicale au Théâtre de la Bastille aux côtés du charismatique Bertrand Belin. Un moment visuellement intéressant où Bertrand Belin explose, malgré un texte gris cendres de rockers brûlés qui ne suscite pas d’émotion.

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Quinze ans après le départ du chanteur et la fin du groupe de rock de leur enfance, c’est à l’enterrement de leur leader guitariste et suicidaire que 3 des membres de cette formation se retrouvent. Dans le cadre confiné de l’appartement londonien légué par l’oncle du disparu et où toutes les répétitions avaient eu lieu, la vie, la drogue et la mort re-défilent entre 2 hommes, une femme et un fantôme envahissant…

Dans un espace magnifiquement scénographié, les personnages évoluent en flash-back gracieux sur un sol en terre battue: ils sont à peine éclairés en contre-jour par d’esthétiques et cruels néons. Illustrant les étapes de ce retour vers un passé d’illusions perdues, les chansons guitares-voix de Bertrand Belin sont quasiment éclipsées par son époustouflante prestation d’acteur. Toujours juste, même sur les répliques les plus sinueuses, il exerce une présence tellement charismatique qu’on ne voit que lui, même quand il ne parle pas et ne chante pas. On aurait envie de dire qu’il crève l’écran, pendant que ses collègues luttent pied à pied avec un texte cafardeux et languissant, étalant pendant 1h30 espoirs déçus, addictions destructrices et manipulations ratées. Les scènes de ménages miment trop la descente d’héroïne et enfilent trop de clichés pour émouvoir. Quant aux allées et venues sur 15 ans, elles sont trop peu crédibles pour transmettre la rage brûlante de l’échec ou le regret amer des occasions manquées. Dans ce contexte, les chansons par trop illustratives n’apportent pas de recul et tombent elles aussi dans un grand bain de médiocrité plus adolescente que poétique.

Spleenorama, un projet de théâtre musical et fantastique, de Marc Lainé et Bertrand Belin, avec Bertrabd Belin, Matthieu Cruciani, Guillaume Durieux, Odja Llorca, La Boutique obscure, 1h30.

© Jean-Louis Fernanandez

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