Performance
Tout schuss sur l’Ouest avec Olivier Debelhoir au Festival Paris l’été

Tout schuss sur l’Ouest avec Olivier Debelhoir au Festival Paris l’été

17 July 2019 | PAR Yaël Hirsch

Jusqu’au 21 juillet, dans le cadre de Paris l’été, l’acrobate et performer Olivier Debelhoir donne en itinérance dans plusieurs lieux L’ouest loin. Nous y avons assisté dans la cour de l’Ecole Nationale Supérieure d’architecture de Paris Belleville et avons été saisis par ce spectacle lettré, en suspens, et intime.

En short et chaussures de ski rouges, Olivier Debelhoir nous accueille dans la cour de l’Ecole Nationale Supérieure d’architecture de Paris Belleville avec une reprise à l’accordéon de « Creep » de Radiohead. Les skis ne sont pas loin, l’accent est résolument français et la voix fluette et suspendue. Il s’attaque à « Tous les cris, les S.O.S.  » de Balavoine et quand l’accordéon s’emballe, l’effet est puissant et le solo instrumental, malgré l’ironie, accroche les tripes.

« Si vous avez quelque chose à dire, il vaut mieux le dire maintenant ou se taire c’est bien aussi », se prévient-il résolument tout seul en chaussant ses skis. Commence alors un soliloque acrobatique, absurde et truffé de références mêlées (Hugo, Baudelaire, Beckett, Thoreau mais aussi Thierry Roland et Richard Cocciante, Marcel Proust… Comme Marcel Desailly). Les skis aux pieds, il pirouette sur un long banc, une lourde tige de fer en contrepoids ou se met en équilibre sur une pelle, une échelle avant de faire des réversions qui nous palpitent le cœur.

Il parle, beaucoup, comme un grand sportif qui s’entraîne avant un match décisif, rythmant ses pirouettes par des admonestations qui mettent en avant le moral et le cerveau du musculaire : « Cette fois ci je ne vais pas me contenter du bronze », « je peux faire mieux » ou « je vais jusqu’au bout sinon ça sert à rien » … Et le public le suit, haleté, retient son souffle de peur de le voir tomber. Et quand il s’effondre du haut de l’échelle on ne sait même pas trop si c’est fait exprès. Dernière pente, montée sans peaux de phoque et descente tout schuss : il nous a vraiment plongé dans un autre univers avec ses références jamais lourdes et ses gestes fous.

On applaudit, il remercie les « auteurs » qu’il a « plagiés ». Tous. Longuement. Avant de retirer le short et d’enfiler le peignoir du boxer. Paris réussi pour cette impressionnante performance qui nous a emmenés bien à l’ouest avec une pointe de mélancolie sans la neige.

Prochaine occurrence de ce spectacle de 35 min : ce 17 juillet, à la Monnaie de Paris.

Visuel : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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