Performance
Pascal Amoyel joue Liszt de l’intérieur au Festival Musiques en scène de Mériel

Pascal Amoyel joue Liszt de l’intérieur au Festival Musiques en scène de Mériel

28 January 2018 | PAR Yaël Hirsch

Après Le Pianiste aux cinquante doigts (lire notre article), Pascal Amoyel a créé un autre spectacle musical que nous avons raté en 2016 au Théâtre du Ranelagh. Toute La Culture est allé à Mériel (Val-d’Oise) où l’Espace rive gauche accueillait Festival Musiques en Scène ce  brillant “one pianist show”. Le jour où j’ai rencontré Franz Liszt mêle théâtre, musique et magie, avec goût et générosité. 

[rating=4]

Tout commence par le goût de la musique. Pour le consoler de ne pas savoir voler et aussi pour se rattraper de ne pas pouvoir lui offrir une baguette magique, le grand-père de Pascal Amoyel lui fait écouter « Le Chant du berceau » de Franz Liszt. C’est ce jour-là que le petit garçon est devenu pianiste sans le savoir. Au même âge, Franz Liszt faisait déjà le tour d’Europe, se produisant comme jeune prodige…

Une mise en scène lumineuse

Avec une mise en scène très travaillée (et notamment de poétiques jeux d’ombres), un vrai goût du jeu et du théâtre (Amoyel incarne aussi bien Liszt, son père, Cherubini, Beethoven, Chopin ou …lui-même) le spectacle relève le défi d’entrer dans la biographie du premier et plus virtuose des pianistes. Celui-là même qui a inventé la forme du récital et que l’Europe entière a tellement adulé qu’il a dû se réfugier derrière un habit d’abbé pour trouver du silence et composer. Celui, enfin, que le jeune Amoyel – comme bien des pianistes – essayait de suivre et d’imiter pour maîtriser son instrument dans d’interminables heures de travail acharné.

C’est avec beaucoup de générosité que le pianiste se met au service de l’histoire qu’il raconte. Et il se fait passeur avec autant d’ingéniosité que d’humilité. Les enfants comme les grands sourient aux blagues, aux tours de magies. Mais Amoyel passe avant tout par les œuvres, qu’il a choisies avec soin et qu’il incarne avec maîtrise et ferveur. Il donne une large place au piano que tous écoutent comme hypnotisés, aussi bien dans du Liszt (Saint François de Paule, Danse macabre…) que dans les géants qui ont marqué Liszt, notamment Beethoven (transcription par Liszt de l’Allegretto de la Septième Symphonie ou début du 3e Concerto), Chopin… Et bien sûr Mozart, le wunderkind indépassable, qu’Amoyel parvient à jouer allongé sur le dos les mains derrière la tête et les doigts sur le piano !

Et quand il s’agit des compositeur influencés, le pianiste s’adonne à un vrai jeu de piste pour nous faire entendre Liszt dans Rachmaninoff, Ravel, Schönberg mais aussi Oscar Peterson… On sort du spectacle avec l’envie d’écouter plus de Liszt et l’impression d’avoir été initié à l’intense confrérie des amoureux du piano…

Visuel : CHARLOTTE SPILLEMAECKER

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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