Performance
Noémie Goudal et Maëlle Poésy dans les cendres supsendues d’Anima

Noémie Goudal et Maëlle Poésy dans les cendres supsendues d’Anima

15 July 2022 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Pour la première fois, le Festival d’Avignon présente une installation-performance presque totalement numérique. Au-delà de la prouesse technique, Anima de Noémie Goudal et Maëlle Poésy est une bombe contre la fin du monde, qui, ironie glauque de l’histoire, a joué hier sous une vraie pluie de cendres…

Quand la réalité dépasse la fiction, cela nous laisse parfois pantois. Nous disons “ça tu le mets dans un spectacle, personne n’y croit”. Imaginez donc, un incendie aux portes d’Avignon fait pleuvoir des cendres sur la ville écrasée par une canicule qui n’a plus rien d’extraordinaire. Que faire contre ça ? Arrêter les gobelets en plastique, utiliser des tote-bags, tout cela le Festival le fait. Noémie Goudal et Maëlle Poésy, elles, ajoutent une pierre, une œuvre à l’édifice.

Et quelle œuvre ! Anima se compose de trois grands panneaux, des écrans de cinéma en plein air si vous voulez. Pour le moment, pendant l’entrée du public dans la cour classée de la Collection Lambert, l’image est super douce. Nous regardons respirer les arbres. Cela aurait pu durer une heure. Juste ça. Nous sommes étouffés par la chaleur en train de regarder la nature tellement crevée qu’elle est mise en boîte.

Le processus se met en place, les films sont accidentés, découpés, recadrés. Un incendie dévaste tout (réalité/fiction !). Le regard change, il s’assombrit. Nous ne sommes plus adoucis par la proposition, mais dévastés par sa noirceur et sa puissance.

Il y aura du vivant dans Anima. N’en disons pas trop. Juste que par un procédé encore plus inattendu, une femme, Chloé Moglia en alternance avec Mathilde Van Volsem, deux des plus grandes artistes de suspension, va évoluer du bout des bras, à bout de force, sans filet. Suspendue au-dessus des pavés médiévaux, elle semble dire de ses bras si forts que tout ne tient plus que dans deux mains solides. Solides mais jusqu’à quand.

Anima est d’une beauté à couper le souffle. Un manifeste contre la fin du monde d’une modernité jamais vue. Vertigineux.

A voir absolument jusqu’au 16 à 22h. Le spectacle a déjà des dates de tournée en Europe et en France.

Du 29 mars au 1er avril au Centre Pompidou.

 

ANIMA, Noémie Goudal et Maëlle Poésy, 2022 © Vincent Arbelet

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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