
Mathieu Desseigne-Ravel et Michel Schweizer sur le fil aux Hivernales d’Avignon
Aux Hivernales, le scénographe et chorégraphe Michel Schweizer et le danseur (notamment chez Platel) Mathieu Desseigne-Ravel se prennent de passion pour… le fil barbelé. Cela donne une performance à la fois légère et sérieuse.
“Dépasser le cadre”
Tout commence en 2017. Le circassien et le comédien reçoivent une commande du Festival d’Avignon. Naitra un Sujet à Vif intitulé Bâtard. Aujourd’hui, la performance est devenue Nice Trip. Cette conférence acrobatique sur l’idée de fil barbelé s’amuse à justement tester la frontière, la limite. Est-ce que la prise de parole à la poésie poussive de Mathieu Desseigne-Ravel fait partie du spectacle ? Est-ce que Michel Schweizer est vraiment scientifique ? Ils sèment le doute.
La grande réflexion que partagent le chef de file du collectif musclé Naïf Production et le comédien est : “La protection n’a qu’un seul visage”. Le sujet de la frontière est souvent traité dans le spectacle vivant. On peut citer Frédéric Ferrer, qui le fait lui aussi sur le ton de l’humour, ou Arkadi Zaides qui lui nous glace le sang. La frontière, cela sonne mal. C’est ce qui par définition coupe la liberté.
Une protection est une forme de barrière, peu accueillante, voire menaçante. Cette conférence performée amuse par son jeu de dupes. Le texte raconte l’histoire du fil barbelé, ses évolutions et surtout, ses limites. Et Mathieu Desseigne-Ravel lui prend dans le cirque et les acrobaties tout le récit. Il s’escalade lui-même, se carapate ou se redresse, tordu. Il est éblouissant d’agilité. Le corps semble délivré de tous les nœuds que l’artiste lui impose. Ni avant, ni après, ni haut, ni bas. Tout n’est qu’allégorie, amusement, poésie.
Seule la beauté peut nous figer comme un fil barbelé
La performance vient finalement nous démontrer que seule la beauté, la vraie, celle qui nous échappe, peut nous figer comme un fil barbelé. Mais ce fil-là, qui peut aussi être naturel, n’agresse pas. L’infranchissable devient alors seulement psychologique. Et l’on imagine bien qu’avant de grimper sur un autre comme s’il était un escalier, notamment si on est un enfant, cela demande de baisser la garde.
Le spectacle reste très léger. On s’y amuse en réfléchissant gentiment et de façon participative. C’est un vrai tout public, visible dès 10 ans. Le spectacle sera à voir en juillet, toujours à Avignon, lors du festival d’été des Hivernales, “On y danse aussi l’été”.
En attendant, Les Hivernales se poursuivent. Cette semaine, vous pourrez voir notamment, Counting Stars With You (musiques femmes) de Maud Le Pladec, Larsen C de Christos Papadopoulos ou encore Attitudes habillées – Le quatuor de Balkis Moutashar. Tout le programme est ici.
Visuel : © Frédéric Démesure