L’Outremonde d’après de Théo Mercier au Festival d’Avignon
Dans le sous-sol de la Collection Lambert, le plasticien génial Théo Mercier imagine des mondes engloutis aux allures à la fois rétros et très futuristes. On déambule ?
“Il n’y a plus de retour possible”
Ce sont ces mots qui ouvrent le texte de présentation de l’exposition. Nous entrons dans un espace post-apocalyptique. Tout est blanc et le monde a été englouti. Il reste un enfant, en alternance Melvil Fichou Petit et Paul Allain, aux cheveux blonds-blancs ou noirs corbeau en fonction de qui joue. Il est habillé par Colombe Lauriot Prévost de façon à la fois médiévale et futuriste, comme dans les séries dystopiques. Un pantalon et un gilet sans manche beige, une chemise floue et des hautes bottes marrons. Cet enfant, il en impose tellement qu’il n’est nullement question de ne pas lui obéir. Alors on le suit dans les salles que la collection Lambert offre à Avignon. Dans la première pièce, où nous sommes seuls avec lui, se trouve un chien à l’air triste, un monticule de sable et les restes d’un colosse, juste un pied, immense.
Si les morts parlent, comment entendre leurs réponses ?
La déambulation nous fait passer de salle en salle et de vision en vision. Les humains existent encore mais ils ont perdu le sens de la gravité. Sous le sable, suspendus ou au sol, leur issue pour reprendre le goût du mouvement (orchestré par Steven Michel qui fait danser le môme comme un pro) est de suivre les mains et le regard de l’enfant-messie. Ce monde englouti qui garde les traces du monde d’avant est donc un après, un avenir possible, un autre monde, un Outremonde. Les performeurs : Marie de Corte, Lucie Debay, Grégoire Schaller, Rebeka Warrior sont tous puissants. Que ce soit dans leurs chutes, leurs voix, leurs suspensions (on ne va pas vous dire sinon ça gâche tout !). Ils évoluent dans ces superbes châteaux de sable tout aussi fragiles que ceux des enfants.
Et puis nous finissons par comprendre que nous sommes dans quelque chose qui peut ressembler à Star Treck ou Star Wars, un vaisseau qui vole bien et qui est dirigé par une maîtresse-voix maîtrisant les sables jusqu’aux moindres grains.
“Alors qu’a-t-on vu ?”, interroge la prêtresse. On ne sait pas trop, on a surtout ressenti, on a voyagé, ravis de constater qu’Avignon a arrêté de fuir les formes de théâtre les plus actuelles.
Jusqu’au 20 juillet à 19 heures et à 21 heures, collection Yvon Lambert, liste d’attente sur place. L’exposition, elle, se prolonge jusqu’au 25 inclus.
Visuel : © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon