Performance
L’écoute Pop de Concha

L’écoute Pop de Concha

18 May 2021 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Hortense Belhôte, Gerald kurdian et Marcela Santander Corvalán investissent la POP, le bateau spectacle le plus hype de Paris avec une performance aux allures légères et au fond sérieux. Allez, on écoute ?

Concha, c’est plein de choses, en espagnol, c’est une conque, vous savez, ce gros coquillage dans lequel on entend la mer. Ok. Un spectacle sur les conques ? Vraiment ? Non, pas vraiment. Ce coquillage est un instrument de musique, et grâce à ce spectacle, vous réaliserez qu’il est omniprésent que ce soit dans la peinture classique ou dans la pop culture. Si si.

La pièce est une conférence performée, à moins que ce ne soit l’inverse ! Les trois protagonistes en sont les auteurs et les acteurs, chacun dans leur rôle. Gerald est aux platines, mais il donne la réplique, Hortense est à la leçon d’art, si elle ne danse pas, et Marcela danse, quand elle ne parle pas. Presque pensée comme une leçon ou un livre, la pièce se divise en chapitres, comme “Le corps écoute”. Et c’est peut-être dans le titre de ce premier temps que se niche toute l’idée du spectacle : la synesthésie du son.

Le corps écoute

Tout le spectacle montre que si l’on entend avec ses oreilles, (schéma à l’appui !), écouter est une toute autre histoire. L’écoute se dessine au sens premier du terme. Hortense Belhôte professe avec un humour bien décalé. Il n’empêche que ce qu’elle raconte est très sérieux. Oui, on voit Marie écouter Gabriel, tout comme on voit les paysans de Millet s’arrêter net dans leur travail quand les cloches de l’Angelus sonnent. Le plus drôle, mais ça on le garde secret, c’est quand l’écoute est symbolisée par la conque elle même !

Entendre le féminisme 

Rapidement, on découvre, sur écran, plusieurs oeuvres, peintes, chantées, dansées…dont Le triomphe de Galatée. L’occasion de rappeler que les hommes sirènes étaient représentés, idée oubliée jusqu’à la Petite sirène. Et la concha, si on la pose d’une bonne façon a tout d’une vulve. C’est d’ailleurs cela que Marcela voit en 2018 lors d’une exposition d’artistes femmes latino. Une peinture place une conque entre deux pierres et lui donne l’allure d’un sexe. La concha devient une revendication à écouter les femmes, et les mères aussi, pas mal citées ici ! Pour faire entendre, pour obtenir une belle écoute, il faut savoir installer des conditions. A cet exercice, Gerald kurdian excelle en mixant live techno et petits sons dont il a le secret. 

Si Marcela Santander Corvalán danse peu, ou alors en citations d’autres artistes, comme l’immense Ana Halprin par exemple, tout est pourtant danse ici. Car ce que montre Concha, c’est que l’écoute est un mouvement, c’est un corps politique. On écoute avec ses yeux, avec ses sensations, ce qui ne manque pas d’humour, dans une salle de spectacle flottante, donc, toujours… en mouvements.

A voir, si vous avez de la chance, mercredi 19 mai à 19h, complet sur liste d’attente; à la POP

Visuel : ©ABN

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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