Performance
La mélancolie du Zerep se fait poésie au Centre Pompidou

La mélancolie du Zerep se fait poésie au Centre Pompidou

21 February 2020 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Quand on prononce les noms du duo Sophie Perez et Xavier Boussiron, c’est généralement accompagné d’un gloussement. Ceux-là sont les clowns du monde de la performance, toujours bien accompagnés d’un bestiaire débordant. Mais, pour les Chauves-souris du volcan, il n’en est rien. L’heure est aux larmes, l’heure est grave.

Généralement dans les forêts de Perez et Boussiron, il y a des nains, des loups, des juke-box et toujours un spectacle qui se donne en spectacle. Cette nouvelle création qui fait enfin escale à Paris après être passée par Charleroi et Actoral suit la même règle. Toujours une forêt, mais moins de mots que d’habitude.

Et pour cause, après avoir cherché à enterrer le vieux théâtre depuis le début du XXIe siècle, le Zerep semble s’être résigné. On se souvient du dément Oncle Gourdinprésenté  en 2011 dans un Festival d’Avignon qui était en ces temps ouvert sur la modernité-, qui cuisinait comme il se doit le texte théââââtraleux. À dire vrai, Sophie Perez et Xavier Boussiron ne font en fait dans leurs spectacles que parler ou faire référence au théâtre. En 2009, la reprise de leur pièce foutraque, Gombrowiczshow (2008) nous avait emmenés sur les terrains du cabaret, des séries B et de l’opérette. Et là encore, Chauves-souris du volcan donne à voir une scène, une petite scène. Pour y accéder, il faut traverser le rideau de fils qui est un torrent de larmes portées par un œil immense et injecté de sang.

Sur le plateau également il y a des larmes, elles sont énormes, gros tubulaires de fourrure ou de coussins. Mais ce sont des larmes.

Et dans cette vallée de douleur, il y a des divas en robes longues. Sophie Lenoir, Marlène Saldana et Erge Yu avancent désespérées, masquées. Jusqu’à ce que Mister Entertainment face une entrée remarquée. Marco Berrettini est parfait dans le rôle, chante le désespoir, un départ “à Odessa”. Bref, lui et son orchestre (Xavier Boussiron à la guitare, Julien Tibéri à la batterie)  vont ramener de l’humour et du second degré dans la mélancolie. Stéphane Roger, excelle en poète pas vraiment disparu qui clame son amour perdu “Je t’aimais, tu étais mon vivant château, doux si doux, lâche, si lâche….”

De pas de deux en presque tango, Arlequin s’invite à la fête triste, la langue trop pendue d’avoir trop parlé, désormais silencieux. Pourtant c’est de la bouche immense que viendra la vérité. “Ce n’est pas la tristesse qui me fait pleurer, c’est la beauté”. 

Peut être que cette pièce plus resserrée, plus calme, laissera sur le bord les amoureux du Zerep dans leur version plus bordélique, et pourtant, nous les trouvons si justes dans  leur quête du beau, avec le cœur qui bat, et l’œil qui nous fixe, nous spectateurs de leur désir insatiable de faire du spectacle une héroïne en larmes.

Visuel : © Ph. Lebruman

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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