Performance
“Je veux, je veux”, la chanson fausse de Sigrid Bouaziz et Valentine Carette

“Je veux, je veux”, la chanson fausse de Sigrid Bouaziz et Valentine Carette

22 April 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Sigrid Bouaziz et Valentine Carette sont artistes associées à La Ménagerie de Verre qui accueille pour quelques jours encore l’un des deux temps forts de l’année, L’Étrange Cargo. Malheureusement, avec cette performance, Je veux, je veux, ni altérité ni embarquement, nous sommes restés au port.

[rating=2]

Ça commence bien. D’abord sur le papier : “Librement inspiré de la poésie de Sylvia Plath, Je veux, Je veux est un chant à deux voix, un cri, un combat.”. Ensuite sur le plateau extrêmement bien utilisé, un groupe de rock fait une bonne reprise de “Tainted Love”. Le temps de fredonner deux trois oh oh oh, le charme s’effondre. La blonde (Sigrid Bouaziz) et la brune (Valentine Carette) dansent à fond, un canap défoncé dans un coin, une table où un festin de potes a eu lieu dans un autre angle. Elles dansent comme on danse quand on veut retenir la nuit. Mais c’est déjà trop tard. On a déjà vu cette scène, partout, et chez des classiques comme Ostermeier ou Sivadier. Un texte arrive. Il se veut décalé et distant. On y entend le récit à deux voix d’une fille qui se cherche entre un père fasciste et un désir d’être écrivain.

Si la scénographie est très actuelle, toute l’ambiance nous amène aux années 60, plus exactement en 1963, quand Lesley Gore chante « You don’t own me ». (Pour le coup, scène très réussie de la pièce où un play back intéressant dit en un geste l’ambiguïté d’une personnalité par essence multiple). Cette fille-là est envahie par ses doutes, plonge dans la folie, refait surface. La trame du spectacle est géniale car elle suit un fil conducteur tissé par la musique live. Mais rien ne se passe. La fausseté prime ici, le jeu n’est pas en place et manque, particulièrement pour Valentine Carette de justesse, la voix parlée n’est pas calée. Le groupe Ghost Dance ne sait pas où être entre le théâtre et le concert et des incursions d’un monde dans l’autre se font ici malheureuses.

On peut penser que c’est là l’idée recherchée : dire le mal-être par cette déambulation verbeuse et gesticulante. Cela est une bonne idée qui n’opère pas.

Visuel : BD

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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