Performance
Girl / Fille / Isabelle Bats : Isabelle #démontée

Girl / Fille / Isabelle Bats : Isabelle #démontée

02 October 2020 | PAR Sylvia Botella

Féminisme, sexualité, genre, âge … C’est de toute évidence l’incroyable diversité mosaïque plastique – corps- sons – voix – de la performance Girl/Fille de Isabelle Bats montée, démontée, remontée au théâtre vue au Centre Culturel Jacques Franck dans le cadre du PrideFestival qui lui permet d’effectuer un tour de piste stupéfiant, sans fards de la question des femmes dans une approche intersectionnelle qui, elle seule peut faire avancer les mentalités et le droit. Et ne plus jamais se sentir seul.e.s qui qu’on soit.

Sans doute Isabelle Bats, est-elle, des performeures be, celle dont les performances portent les points de départs les plus simples, et les actions les plus audacieuses. Qu’est-ce que Girl/Fille ? C’est l’enregistrement de sa vie dans une sorte de mélange queer, visant une meilleure compréhension de soi, à entrer en contact avec une vérité et des figures spirituelles contemporaines capables de produire des transformations : Ulrike Meinhof, Kate Bush, Claudette Colbert, Billie Jean King, Alice Robert, Nadia Comaneci ou PJ Harvey

C’est la première fois qu’Isabelle Bats prononce le mot «lesbienne » sur le plateau parce que son/ce personnage est à travailler. Dans Girtl/Fille, il est à la fois grand et petit, un détail et un tout.

Cette Isabelle démontée, quittant la performance pour aller vers les métamorphoses du théâtre sous l’oeil “care” de Cathy Min Jung (mise en scène), Christine Grégoire (scénographie) et Florence Richard (lumières), fait naturellement un usage généreux de la représentation. Comme si celle-ci avait pour tâche d’opérer dans une approche intersectionnelle – mot/corps/musique -, une fusion entre le féminin et le masculin, la biographie et la fiction, la jeunesse et la vieillesse, tous contraires (?) sur une étrange scène teintée de pop/rock Dj-jettée par Hugo Favier. La musique vaut pour le tout : Adriano Celentano, Jefferson Airplane, Nadine Shah ou Patti Smith

Isabelle Bats y fait minutieusement ses devoirs dans le texte écrit lors d’une résidence à La Chartreuse de Villeneuve-lez- Avignon) : « Isabelle doit tuer ses idoles », « Isabelle doit courir comme un garçon », « Isabelle doit apprendre a se regarder les ongles », « Isabelle doit arrêter de pleurer et mordre sur sa chique », « Isabelle doit apprendre à ne plus jouer ” perso ” », etc. Et elle ne cesse de faire passer le.la spectateur.trice d’un monde à l’autre, du document à l’étoile (ou figure iconique), multipliant les strates de surimpression jusqu’à l’étourdissement : friends / buffy la tueuse de vampires / ellen / urgences / grey’s anatomy / lost girl / orphan black / sense 8 / pretty little liars / degrassi / janet king / deadwood / walking dead / supergirl / wentworth / 10% / wynnona earp / black mirror / bomb girls / holby city / gute zeiten schlechte zeiten / transparent / call the midwife / veep / will & grace. Pour n’y (a)voir bientôt dans le plan, ni haut, ni bas, ni proche, ni lointain mais une sorte d’anéantissement étonnant du temps et de l’espace, dans une sorte de nota bene spirituel (non dénué d’humour sombre) de la série : « une bonne lesbienne semble être une lesbienne morte ». Un nota bene régi aussi par le plaisir, le clubbing. Isabelle Bats baisse le texte. Tandis que Hugo Favier monte le son : Et la danse n’est jamais autant pourvue d’une telle vibration, réveillant d’inédits échos d’une vie libre, porteuse d’une vraie émotion démesurément charnelle, fusionnelle. C’est sans doute la raison pour laquelle le.la spectacteur.trice baisse la garde. Et que Girl/Fille se fait révélation #extraordinaire de son temps, faisant exister tout un monde à partir de petits théâtres intimes traversés par les mythologies fictives réduites à l’échelle d’un plateau à soi. Les yeux #révolver Isabelle a.

Visuel Isabelle Bats (c) Olivier Donnet

Girl/Fille, 1er Mars 2021, Brass – Centre culturel de Forest.

S’il y avait une bo, ça serait : Land de Patti Smith :

Nicolas de Staël, la fureur de peindre, au Lucernaire
L’agenda du week-end du 2 octobre
Sylvia Botella

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