Dans les confessions de Tino Sehgal au Palais de Tokyo
Tino Seghal s’empare des 13000 m2 d’un Palais de Tokyo spectaculairement vidé de ses toiles et de ses murs. Une déambulation performative qui emprunte autant à Aristote qu’à Lacan.
[rating=5]
Ne s’attendre à rien et ne rien savoir est peut-être la seule chose utile à vous dire si vous avez envie de vous plonger dans cette expérience à la fois simple et extra-ordinaire. Alors, comment dire sans raconter puisque raconter est impossible ? Impossible car ici tout n’est que ressenti. Ce que l’on peut expliquer néanmoins, c’est l’idée et le processus de cette carte blanche donnée à Tino Sehgal, quadra très étonnant, qui touche un peu à tout.
On connaît Tino Sehgal notamment pour avoir fait Sans titre, un spectacle aux images interdites qui refaisaient à nu l’histoire de la danse contemporaine. Avec sa carte blanche qui n’est pas autrement nommée que “Carte blanche à Tino Sehgal” il remplit l’espace et questionne le vivre ensemble.
Alors, il s’agit de déambuler ensemble. Il s’agit de se rencontrer vraiment. D’être dans le dur tout de suite. Ici, il n’est pas question de faire semblant et de parler l’air dédaigneux d’une oeuvre d’art. Sur ce divan où il est impossible de s’allonger, vous entendez, vous confiez, vous confessez. Le trouble est total. Est-ce que vous avez menti ? Vous savez qu’il est impossible de répondre vraiment à des questions qui semblent anodines mais qui vous percutent.
Vous n’en savez pas plus après avoir lu ces lignes. C’est donc parfait. Allez au Palais de Tokyo et commencez à marcher. L’illusion est chorégraphique, la sensation est celle d’une troublante séance d’analyse. On en sort à la fois vidé et plein avec une furieuse envie de marcher encore.
Visuel : ©DR