Performance
“Ce qui n’a pas lieu”, Sofia Dias et Vítor Roriz mettent les mots en mouvement au Théâtre de la Bastille

“Ce qui n’a pas lieu”, Sofia Dias et Vítor Roriz mettent les mots en mouvement au Théâtre de la Bastille

26 February 2020 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Pour la troisième année consécutive, le Théâtre de la Bastille propose un focus danse en compagnonnage avec l’Atelier de Paris CDCN. Hier soir, Sofia Dias et Vítor Roriz interrogeaient le langage et la communication dans Ce qui n’a pas lieu.

Pour l’éternité, Sofia et Vitor seront Antoine et Cléopâtre, couple mythique dévoré par la passion et sublimé par Tiago Rodrigues en 2015. Dès que nous les voyons réunis sur un plateau, nous savons qu’il sera question d’être ensemble.

La sensation est cosy et pourtant tout est aride ici. Une grande planche barre le plateau au sol. Au mur, une peinture abstraite et sombre, et de l’autre côté, un carré de bois suspendu. Une lampe également, et, posée, prête à être saisie, se trouve une petite barre à mine, et puis.. deux télés. D’entrée de jeu, il y a donc des incohérences. Que fait une arme dans cet espace ?

Nous sommes visiblement dans un salon, chez eux. Mais tout ne va pas bien. Ils n’arrivent pas à se parler. Sofia Dias chante des syllabes qui pour le moment ne construisent pas des phrases entières.

“L’esprit peut être vide et continuer à tourner”

La danse surgit, elle est elle aussi hachée menue. Elle seule d’abord, en pantalon beige et haut argenté avance en diagonale et tout en saccades. Un peu plus tard, le face à face se fera toujours dans ce geste d’un corps qui bugge. Eux deux, deviennent Diane et Actéon, le mythe fondateur de ce spectacle. C’est la vision de la beauté de Diane qui transforme Actéon en cerf, et le prive ainsi de mots. 

La pièce vient interroger le manque de mots, les impossibilités à dire. Exactement comme dans Antoine et Cléopâtre, ils incarnent corporellement la douleur et la violence de la non compréhension de l’autre. 

Ce pas de deux exigeant et intelligent vient mettre en danse et en théâtre l’éternel manque à bien nommer les choses. Une performance existentialiste qui vient nous raconter une histoire tout en distorsion à la fois des corps et des bouches.

Il faut du temps pour s’installer dans la rigueur de ce travail, mais une fois que l’on se sent bien installé dans cette maison, il est difficile de la quitter.

Ce qui n’a pas lieu, jusqu’au 29 février à 19H30, durée 1H10.

Visuel : © Filipe Ferreira

 

 

 

 

 

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