
Avec Martin Schick, c’est beau le partage au Festival d’Avignon
Arnaqueur drolatique et provocant, Martin Schick tourne en dérision les absurdes dérives de notre société marchande et faussement généreuse dans Halfbreadtechnique, une anti-performance où le don et la vanité sont rois.
Programmée en «nightshot» à la Manufacture dans le Off et pour la première fois en France, l’insolite proposition de Martin Schick repose sur un principe simple qui ne peut faire que l’unanimité : le partage. L’artiste est programmé par la Sélection Suisse en Avignon. En toute simplicité, il décline le coût de son spectacle, affiche les noms et les logos des sponsors qui l’ont financés, dévoile le cachet qu’il va recevoir pour sa prestation. Très détendu, il refuse que la contrepartie de ses subventions soit l’hyperproductivité de l’artiste.
Désinvolte, il propose un geste assez dingue et purement gratuit, qui ne s’encombre pas d’efficacité et d’efficience. il veut démontrer que le plaisir réside dans l’acte de donner plutôt que dans celui de recevoir. Donner ne signifiant pas perdre mais gagner…
Démonstration. A la manière d’un show-télé et en interaction constante avec la salle, Martin Schick va couper en deux tout ce qu’il possède et partager une bouteille d’eau, un croissant, une crème hydratante… Il ne s’arrête pas là et applique jusqu’à l’extrême son généreux procédé en partageant par exemple la moitié de son espace scénique avec un danseur professionnel avignonnais recruté pour l’occasion de manière plus ou moins hasardeuse. Il donne également à qui en veut la moitié de son tee-shirt, de son chewing-gum, de son salaire, de son hébergement ! Humour, exubérance, cynisme et dérision sont au rendez-vous.
Photo © Regina Recht