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70 d’heures pour s’aimer quand même d’Isild Le Besco , l’erreur de casting de la Ménagerie de Verre

70 d’heures pour s’aimer quand même d’Isild Le Besco , l’erreur de casting de la Ménagerie de Verre

05 April 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam


C’est ce qui s’appelle une erreur de casting. Programmer un mauvais spectacle rendu encore plus mauvais par le lieu où il est livré en pâture. Dominique Gilliot montrait il y a encore quelques jours à quel point La Ménagerie de Verre est un lieu fort. Isild Le Besco a proposé un spectacle qui marquera nos mémoires, pour le pire.

Etre programmé au très pointu Étrange Cargo est un label. Les performeurs et les chorégraphes qui entrent à la Ménagerie ont une approche très significative du plateau. Nous sommes face à des propositions radicales, hybrides, repoussant les frontières de la performance. Et c’est pour ça que nous y allons les yeux fermés.

Alors avouons-le, sur ce coup-là, on reste coi. C’est incompréhensible. Comment 70 heures pour s’aimer quand même d’Isild Le Besco ( au texte, au jeu, à la mise en scène)  a t-il pu entrer dans les clous programmatiques de l’Étrange Cargo ?

Ce spectacle au premier degré est une parodie bien involontaire des caricatures des scènes contemporaines. Tout, tout y passe. Les ombres + la voix off + une marche au ralenti + une course+ un texte dramatique, et bien sûr, LE micro qui ne sert à rien. A si, il sert à offrir de la voix à ces comédiennes qui ne savent pas la poser. Car, dans les rares moments où le texte est en déclaration directe, il ne nous parvient pas faute de souffle. Sur scène, on reconnait les actrices Isild Le Besco et Elodie Bouchez, elles partagent le plateau avec Lolita Chammah, Capucine Goust et Tran Nu Yen-Khe.

Le pire est dur à définir. Est-ce le texte vide ou la voix off glamour ? On hésite face à des questions comme “Mais qu’est-ce que l’amour ? Je me questionne.”

On déteste la première image, tellement Prejlocajienne, lyrique. Celle d’une femme qui suffoque quelque part entre orgasme et accouchement dans un clair-obscur vieillot, jaune, à faire hurler les régisseurs lumières du XXIe siècle.

Sur le fond, les filles privées de leur voix racontent des horreurs sur des maltraitances faites aux femmes, mais avec une tessiture FIP. C’est autant naïf que gênant, autant incompréhensible que ridicule. On ne peut rien sauver ici. Le déjà vu des lampes torches, la danse bien trop fluide d’Elodie Bouchez qui dessert toute crédibilité, le sur-jeu dramatique… Et on pourrait continuer comme cela longtemps.

“J’aime ces moments qui me sont inconnus” entend-t-on entre mille.  Nous on aimerait ne jamais avoir vecu ce moment.

En revanche, l’Étrange Cargo annonce de belles choses : Cover de Elsa Michaud et Gabriel Gauthier  ( 6 et 7  avril ) et Palsembleu d’Anna Gaïotti. ( 10 et 11 avril)

Visuel :

70h pour s’aimer quand même, Isild le Besco © Carole Bellaiche

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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