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Paris en toutes lettres : les monts analogues sublimés par Fanny Ardant et Boris Bergmann

Paris en toutes lettres : les monts analogues sublimés par Fanny Ardant et Boris Bergmann

18 November 2021 | PAR Elise Murat

Pour son huitième jour, le festival Paris en toutes lettres nous a offert une (re)découverte vertueuse du roman inachevé Les monts Analogues de René Daumal, lu par Fanny Ardant et Boris Bergmann.

Depuis maintenant 12 ans, le festival Paris en toutes lettres remet en avant la littérature comme un art vivant, en proposant de nombreux événements à la Maison de la Poésie et 16 autres lieux partenaires jusqu’au 21 novembre. Mêlant à la littérature art du spectacle, performances, concerts ou encore gastronomie, le festival est un lieu idéal pour se plonger dans l’actualité littéraire et redécouvrir le plaisir de la lecture d’une manière inédite.

Le 16 novembre à 19h, la maison de la poésie mit à l’honneur Les Monts Analogues, dernier livre de Renée Daumal qui nous embarque dans le récit d’une ascension spirituelle à travers la confrontation de l’homme à la montagne, un roman qui reflète à travers son ésotérisme l’influence de l’hindouisme et des enseignements de Gurdjieff sur l’auteur. Connu sans l’être, Le Mont Analogue est très souvent marquant pour ceux qui le découvrent :” J’avais quinze ans lorsqu’un ami m’a offert Le Mont Analogue comme on partage un secret trop bien gardé. Je me souviens, dès les premières pages, avoir pris un plaisir fou à m’embarquer dans cette expédition déraisonnable en quête d’une montagne invisible, d’un passage entre terre et ciel, entre notre monde et tout ce qui nous dépasse.”explique Boris Bergmann.

Se revendiquant « simpliste », René Daumal a cherché à travers son engagement artistique à se délester de «l’abominable confort terrestre” pour « changer les conditions d’existence de tout un monde ». Une philosophie intégrée et respectée par la mise en scène sobre de la lecture. Tous assis dans une salle de spectacle de la maison de la poésie, on écoute avec attention Fanny Ardent et Boris Bergmann, de noir vêtu et simplement éclairés par deux spots, nous lire des passages de l’oeuvre choisis par ce dernier.

Entre une Fanny Ardant enivrante comme à son habitude, et un Boris Bergmann généreux et sensible, on se laisse porter au cours de la lecture dans le mysticisme ambiant de l’oeuvre. On commence par un extrait sur le dualisme du corps et de l’esprit dont doit faire preuve le grimpeur : ” quand les pieds ne veulent plus nous porter, il faut marcher avec la tête”.

A travers la fable du meurtre d’un vieux rat de roche par un alpiniste novice, et la réaction en chaîne désastreuse qu’il provoque, on glisse vers une compréhension de l’écosystème fragile de la montagne, un environnementalisme qui nous rappelle que tout est lié. Via des histoires de plus en plus poétiques sur le peradame (un cristal aux propriétés particulières ), les dangereux hommes creux ou encore la rose amère, les interprètes nous permettent d’entrevoir le temps d’un instant la quantique secrète des monts analogues. Courte de 50 minutes, on est étonnés de la fin abrupte et sobre de la lecture. Grace à cette prestation, on sort de la salle apaisés avec l’appel latent de continuer notre ascension au dessus du quotidien.

Retrouvez plus d’infos sur la suite du festival ici.

Visuel :  ©Gilles Vidal

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Elise Murat

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