Opéra
Don Pasquale : jeune femme et vieux monsieur à l’Opéra de Paris

Don Pasquale : jeune femme et vieux monsieur à l’Opéra de Paris

10 June 2018 | PAR Yaël Hirsch

C’est à Garnier que le pop et contesté (voir la querelle du Barbier de Séville) Damiano Michieletto met en scène l’opéra bouffe de Donizetti: Don Pasquale (1843). Une nouvelle production gracieuse menée par Éveline Pido et des solistes bluffants : Lawrence Brownlee, Florian Sempey, Nadine Sierra et Michele Pertusi.

[rating=4]

C’est sous un toit théorique à la Dogville de Lars von Trier que le vieux Don Pasquale (Michele Pertusi d’une sobriété parfaite et d’un timbre puissant dans un univers multicolore et strident) consulte son médecin, le machiavélique Malatesta (Florian Sempey) pour prendre femme malgré son grand âge. Ce dernier lui fait passer son actrice et amie Norina (sexy et volubile Nadine Sierra) pour sa sœur fraîchement sortie du couvent… Norina passe de tenues flamboyantes au voile et d’un grand écran (devenu la loi sur scène mais la la captation en direct affirme son « Rec » en rouge) au toit pop et aux portes volantes de chez Don Pasquale. Elle le séduit illico. Malatesta a fait venir un notaire  et le mariage a lieu, au grand dam de Ernesto, neveu du vieux monsieur et amoureux de la vibrante Norina… Mais Don Pasquale déchante vite : comme il a adoubé sa jeune – et croyait-il – innocente femme, maîtresse des lieux, elle se met à tout transformer et à l’humilier…

Joyeuse et assez convenue derrière ses bagnoles années 1969 et avec ses changements de robes sur scène, la mise en scène de Michieletto gagne en profondeur de champs dans une deuxième partie qui commence à la Francis Bacon et où les scènes de chœur flashent avec une élégance qui n’efface jamais le côté sucré du surjeu drôle et vivant des excellents chanteurs. On est dans le bouffe et on assumé!

Côté orchestre, dès l’ouverture Pido dirige avec fougue et intelligente mesure l’orchestre de l’Opéra de Paris. Quant aux voix : elles enchantent. Michele Pertusi est simplement parfait. Florian Sempey joue avec une agilité démoniaque et s’articule bien au surjeu déhanché et commandé de la magnifique Nadine Sierra, agile et gracieuse en tout et dont la voix gagne en chaleurs pour progresser depuis son difficile air inaugural « Quel guardo il cavalière » jusqu’à la mêlée finale où elle survole l’ensemble des autres chanteurs. Véritable révélation de ce Don Pasquale, Lawrence Brownlee nous enchante tout au long de l’opéra et même en sweat shirt casquette d’adolescent attardé il nous émeut dans « Povero Ernesto! » et même dans le lointain « Com’e gentil a Notte », chante depuis la coulisse. Si la mise en scène de Michieletto continue de diviser (Par principe ? Par sport?) de faut ce Don Pasquale est aussi excellent qu’agréable… À voir à l’opéra Garnier jusqu’au 12 juillet.

visuel : Vincent Pontet.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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