Le Tartuffe napolitain de Jean Bellorini : un sans-faute au Théâtre des Amandiers
Le théâtre Nanterre Amandiers a accueilli la troupe du Teatro Nazionale di Napoli pour Il Tartufo, un spectacle mis en scène par Jean Bellorini.
C’est dans une cuisine que prend place cette comédie de Molière. Dans cette cuisine, on trouve une grande table, des plaques de cuisson avec des casseroles sur le feu, un garde-manger, un divan et surtout une immense croix en bois.
Tous les personnages sont présents dès la première scène. Ils portent des vêtements style années 70 à quelques détails près. Jean Bellorini ne voulait pas ancrer sa mise en scène dans un espace-temps particulier. L’imagination doit rester libre.
Le Tartuffe de Molière est une comédie en cinq actes. Ils sont, ici, chacun séparé par un interlude musical où Dorine et Flipote s’affairent, tout en dansant, à faire changer la cuisine de forme afin de créer de nouveaux espaces.
La langue italienne donne un nouveau souffle à Molière
Que l’on connaisse très bien ou non Le Tartuffe, l’italien déstabilise un peu au début. Nous nous sentons obligé de suivre à la lettre les surtitres. Mais le jeu des comédiens est tellement bon, que la langue n’est presque plus une barrière. On se focalise beaucoup plus sur le jeu, en jetant de temps en temps, malgré tout, des coups d’œil aux surtitres.
Les comédiens sont tous très convaincants et attachants. Ils arrivent à faire ressentir la langue de Molière par leur jeu, ce qui lui donne comme un coup de jeune. L’italien étant une langue très incarnée, les vers de Molière sont plus vivants que jamais.
L’arrivée du Tartuffe est un moment clé de la pièce. La comédie commence vraiment à ce moment-là, puisque ce sont son attitude et l’aveuglement d’Orgon qui créent une grande partie du comique. Federico Vanni, interprète de Tartuffe, est excellent, aussi gracieux que repoussant.
Les pièces de Molière traitent toujours de sujets qui tournent autour de l’hypocrisie humaine, ici l’hypocrisie et la surprotection de l’Église en la personne de Tartuffe. À force de lire ces pièces, on oublie parfois que ce sont des comédies et que nous pouvons simplement rire sans chercher le sens caché de la critique. Ce que la troupe du Teatro Nazionale di Napoli, arrive à faire, c’est de nous faire rire par leur jeu, même si la langue nous est étrangère. C’était d’ailleurs le projet d’origine de Jean Bellorini : « J’aimerais ouvrir la possibilité du regret d’une religion modérée (…) Une religion qui, selon l’étymologie, « relie » ; qui soit un lien avec un ordre plus grand, mais surtout entre les êtres humains. C’est de ce lien que nous avons le plus besoin ».
Il Tartufo de Jean Bellorini est une parenthèse de plaisir, de joie et de rires sur la scène du Théâtre des Amandiers. Le public est unanime puisque que la représentation se termine par une réelle standing-ovation.
Texte original : Molière
Mise en scène : Jean Bellorini
Traduction: Carlo Repetti
Comédiens: Federico Vanni, Teresa Saponangelo, Betti Pedrazzi, Ruggero Dondi, Daria D’Antonio, Angela De Matteo, Fransesca De Nicolais, Luca Iervolino, Gigio Alberti, Giampiero Schiano, Jules Garreau.
Jusqu’au 27 mai, informations et réservations ici
Visuels : © Ivan Nocera