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David Lescot met la 6e en boite

David Lescot met la 6e en boite

25 July 2020 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Attention coup de cœur ! David Lescot, auteur associé au Théâtre de la Ville a répondu à une commande précise : écrire la suite de J’ai trop peur, et cela donne J’ai trop d’amis. Et ? C’est trop bien !

C’était comment la rentrée ?

On avait laissé “moi” l’été juste avant, et nous le retrouvons le jour de la rentrée en 6e. “Moi” ( Marion Verstraeten) a toujours un pantalon large et une casquette et n’a pas encore mué. “Moi” n’a désormais plus peur d’être au collège mais seulement (enfin, ce n’est pas rien) d’être dans une mauvaise classe, entendez celle où “Moi” ne connait personne. Et c’est bien sûr ce qu’il se passe sinon… il n’y aurait pas de théâtre !

Du théâtre, Lescot en fait depuis un moment et le fait bien, et particulièrement quand il parle de l’enfance, qu’elle soit vivante ou cachée comme dans le merveilleux Ceux qui restent. 

Alors, “Moi”, sa petite sœur (tordante Elise Marie), Basile, Clarance et Marguerite (tous les trois campés par la caméléon Camille Roy) évoluent dans un espace très réduit, celui d’une boite, comme une boite à outils, déjà présente dans J’ai trop peur. De cet élément, tout surgit de façon partiellement symbolique : une salle de classe, une télévision, une cour d’école, plusieurs chambres, une cuisine. C’est bien le monde d’un presque ado de 11 ans qui se déploie devant nous.

T’es populaire toi ?

Le trio est incroyable, la petite sœur n’a pas beaucoup grandi et se défonce toujours à l’hélium pour avoir une voix très (mais alors très) rigolote. Le méchant Clarence ne s’avère pas si dur, Basile pas si mauvais en entremetteur et Marguerite sait elle exactement ce qu’elle veut (et en musique !), et la cloche du collège est quant à elle très…vivante !

Mais le trio n’en est pas vraiment un. Suzanne Aubert, Théodora Marcadé, Elise Marie, Camille Roy et Marion Verstraeten tiennent en alternance tous les rôles de la pièce. Les voix de femmes apportent un parfait décalage qui fait que jamais, les ados ne sont moqués. Ils sont écoutés et compris.

Lescot montre avec finesse ce sensible entre deux qui voit l’enfance se maintenir face à ses derniers instants. Avoir un téléphone mais aussi un doudou, être grand mais continuer à prendre le goûter, rentrer seul à la maison mais sans traîner.  A ce jeu tant l’écriture que la présence au plateau sont parfaits. On se demande comment les comédiennes peuvent garder leur sérieux tout en s’éclatant autant sur scène.

La pièce parlera à tous, elle est indiquée à partir de 8 ans, mais son rapport à la collectivité ( “c’est une personne la classe ?”)  peut résonner avant et après le collège, bien après !

David Lescot, J’ai trop d’amis, 50 mn jusqu’au 29 juillet à 15h et 19h, Théâtre des Abbesses, 31 rue des abbesses, Paris 18e puis  du 28 octobre au 8 novembre, Espace Cardin, Paris 8e, 10€ (gratuit pour les -14 ans et soignants).

Crédit photo© Christophe Raynaud de Lage

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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