“Babel France”, tout le monde est dans les mains de Corine Linden

La marionnette n’est plus nomade à Paris, elle habite maintenant au Théâtre Mouffetard et ce depuis le mois de novembre dernier. L’occasion de découvrir l’univers actuel de cet art mais aussi de replonger dans les grands spectacles qui ont fait date. C’est ainsi que pour quelques jours est repris Babel France, spectacle créé en 1999 par la compagnie Flash Marionnettes. 15 ans, et pas une ride… malheureusement

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Elle débarque dans la grande ville avec une longue tresse qui lui parcourt le dos. Elle a sur ses épaules un gilet, on le saura plus tard, hongrois, que son père qu’elle n’a pas connu lui a laissé comme une armure. Elle part, humaine à la découverte des autres, ces autres qui sont ici des marionnettes sur table de toutes tailles. 27 en tout, qui prennent vie dès que  Corine Linden les touche.

Il y a une guitare ici et la musique vient accompagner toutes les identités dévoilées. Les riffs se font africains, orientaux, asiatique. La ville est monde et tout le monde vient d’ailleurs. Il y a la peur des flics qui viennent demander des papiers et cela terrifie même celui qui n’a rien à se reprocher. Guignol c’était avant, aujourd’hui, la marionnette n’est plus un jeu.

Corinne Linden est toutes les voix et tous les chants, elle nous embarque fort serrés à bord du “plus grand train du monde” que conduit le sympathique Memet, lui qui veut aller retrouver son grand père Turc. Il embarque le peuple de la cité qui a poussé derrière eux, monumentale. On y trouve Sokheng, seule rescapée d’un massacre au Cambodge, et là, quand elle raconte que la guerre, c’est “silencieux”, c’est la salle qui se glace et se tait.

Pensé en 1999 en pleines années FN et SIDA, le spectacle n’a pas perdu un gramme de son actualité. Il est fascinant de voir le hasard qui fait être programmé Babel France en pleine flambée de la parole antisémite. Le spectacle vient rappeler sans facilité ni bon sentiment que la France est un pays mosaïque.
Babel France émeut et fait rire, les petites saynètes et les chansons sont autant d’occasions pour le spectateur de se retrouver dans ses origines. Le texte du célèbre Philipe Dorin taille les racistes (le merveilleux paysan Nanard que l’on aime détester ! ), et donne à aimer les hommes.

Un superbe spectacle, international à souhait, à courir voir au Mouffetard.

Détail des dates :
Mercredi à 10h et 15h, Jeudi à 10h et 14H30, Vendredi à 10H et 20h, Samedi et dimanche à 17h. Durée ; 1h15. A partir de 10 ans.

La compagnie propose du 29 janvier au samedi 8 février 4M4A, leur nouvelle création.