« Hira gasy » ou chant malgache : un opéra champêtre réjouissant
Des costumes aux couleurs éclatantes inspirés par ceux que portaient les premiers colonisateurs ; des trompettes, des violons ; un diseur fort en gueule ; des chants ; des danses surtout, pétulantes, joyeuses, extravagantes : l’ « hira gasy » ou « chant malgache » est un joyeuse macédoine de théâtre, de musique et de danse qui a cours sur les hauts plateaux où s’est érigée la capitale, Antananarivo, Tananarive en version française.
Ce spectacle populaire a encore tant de succès dans sa patrie d’origine que la troupe qui l’interprète, la Kaompania Rasoalalao Kavia, s’est produite plus de 110 fois cette dernière année. C’est aussi qu’aux textes et aux chants se mêlent mille allusions à la vie quotidienne ou aux événements politiques de l’île et que l’ « hira gasy » fait office d’exutoire pour les populations pauvres si lamentablement gouvernées par une classe dirigeante le plus souvent corrompue ou incapable.
Pour la première fois hors de Madagascar
Voilà que cette troupe originaire du village d’Ampahimanga, province d’Antananarivo, quitte Madagascar pour la première fois, conviée à Paris par le Festival de l’Imaginaire et le Musée du Quai Branly. Chez elle, elle se produit dans les villages, les quartiers les plus déshérités, à l’occasion de foires, de marchés, de célébrations diverses dont les célèbres « retournement des morts ». Elle évoque la paix sociale, le respect de la nature, saccagée dans ce pays magnifique et où la misère est si effroyable, le culte des ancêtres encore, mais aussi les préceptes du Nouveau Testament, car nous sommes ici avec de bons chrétiens. De bons chrétiens souvent facétieux, qui en font beaucoup pour amuser leur public.
Evidemment, on aimerait découvrir l’ «hira gasy » au cœur d’un village malgache, dans un quartier de Tananarive, pour voir la foule exulter et rire de bon cœur aux allusions comiques des acteurs-chanteurs-danseurs, les « mpihira gasy ». Ils possèdent un chic incroyable, une manière de se mouvoir irrésistible, élégante, oui ! mais surtout comique et bon enfant. Les corps minces et nerveux des Malgaches des Hautes Terres, ceux des hommes surtout, se prêtent à merveille à l’humour déployé par la troupe. Vêtues de rose ou de blanc, dans de grandes robes à volants qui doivent épater les spectateurs, les femmes sont plus réservées, quand leurs compagnons s’exhibent dans de claquantes redingotes rouges soutachées d’or qui rappellent non sans ironie les uniformes de ceux qui les ont jadis colonisés.
Raphaël de Gubernatis
Le samedi 10 novembre à 18h et le dimanche 11 novembre à 17h. Théâtre Claude Lévi-Strauss, Musée du Quai Branly ; 01 56 61 71 72 ou sur place à l’entrée de la salle.
Visuel :© Landyvolafotsy
Paris, musée du quai Branly-Jacques Chirac — Théâtre Claude Lévi-Strauss
Samedi 10 novembre à 18h
Dimanche 11 novembre à 17h
> Sur internet via la billetterie en ligne
> Par téléphone au 01 56 61 71 72 du lundi au vendredi de 9h30 à 17h
> Aux guichets du musée du quai Branly – Jacques Chirac