Danse
“Umusuna”, la compagnie Sankai Juku nous emmène dans les entrailles du monde

“Umusuna”, la compagnie Sankai Juku nous emmène dans les entrailles du monde

08 May 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

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Le Théâtre de la Ville invite le chorégraphe et chef de file du buto Ushio Amagatsu et sa compagnie, Sankai Juku pour un spectacle qui agit comme un antidote à la désespérance : Umusuna, en français, Mémoires d’avant l’Histoire. Grandiose !

Sur un plateau minéral, deux sabliers stylisés surplombent chacun un tapis de danse épais. Venant du ciel, du sable coule en un léger filet continu, hypnotique en même temps qu’apaisant. Entre les deux tatamis se dessine une ligne étroite dont Ushio Amgatsu va s’emparer, lançant un mouvement perpétuel qui sera celui de tout le spectacle. Il est l’homme d’avant l’homme, blanc, le visage et le corps talqué. Il déboîte ses côtes, rentre le ventre dans une vague de respirations profondes.
Vont se succéder sept tableaux plus beaux les uns que les autres. “Akotaka : empreintes”, “Tout ce qui naît , “Mémoire(s) de l’eau”, “Dans le vent qui faiblit au loin”, “Miroir des forêts”, “Sédimentation et érosion, à l’infini”, Ubusu”. Ces tableaux nous font entrer en état de méditation immédiat. Les danseurs seront huit, tous le crane rasé et le corps blanc. Ils ne proposent pas un but absolument radical mais bien ouvert. Dans “tout ce qui naît , les artistes sont vêtus de costumes aux longues jupes rouges. La lumière agit elle aussi comme un flux et un reflux, imposant à chaque séquence son identité, comme le jaune, bien sûr solaire dans “Le vent qui faiblit au loin”.
Depuis plus de trente ans, les spectacles de Sankai Juku permettent un accès plus cosmogonique à une danse qui peut parfois apparaître ardue. Ici, l’accès est évident et immédiat. Les gestes sont lents mais non arrêtés et si ils viennent de façon obligatoire chercher le sol, Buto signifie en japonais “taper au sol”, souvent, le regard, le visage et les mains viennent attraper le ciel dans des courbes circulaires.
Il se dégage de ce spectacle un voyage vers les sources de l’humanité où la concentration se fait belle, où les corps ne cherchent jamais le beau mais toujours le sens. C’est avec talent qu’ici, les deux se rencontrent et ne se quittent pas.

Nous sommes après Hiroshima, après Fukushima, il est temps de revenir aux fondamentaux. C’est ce que Ushio Amagatsu, par sa chorégraphie de l’introspection fait avec génie.

Visuel : © Biennale de la danse de Lyon

le jeudi 9 mai 2013 – 20h30
le vendredi 10 mai 2013 – 20h30
le samedi 11 mai 2013 – 20h30

Infos pratiques

Centre Pierre Cardinal (festival Les Musicales)
Le Théâtre de l’Athénée
Marie Boëda

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