Danse
Planet [wanderer], le retour à la terre scène de Damien Jalet

Planet [wanderer], le retour à la terre scène de Damien Jalet

19 September 2021 | PAR Lucas Liberati
Sur la scène de Chaillot jusqu’au 30 septembre, les danseurs de Damien Jalet déchaînent les éléments dans Planet [wanderer], un voyage terrien cosmopolite jouant avec des matériaux à la forme extra-terrestre mis en scène par Kohei Nawa.
 

Un retour à la scène présentant un récit en dilettante au cœur d’une terre hostile

Après l’arrêt en mars 2020 de sa première collaboration Vessel avec le metteur en scène et plasticien Kohei Nawa, c’est le retour du chorégraphe belge Damien Jalet sur la scène de Chaillot. Dans la même veine que leur première collaboration, les deux hommes subliment toujours les corps grâce à des matériaux à l’aspect extra-terrestre, comme du sable noir pailleté couvrant la scène et les danseurs ou une matière blanche et visqueuse (le katakuriko) faisant des puits dans le sol ou tombant du plafond.

Comme l’indique le terme wanderer dans le titre, Damien Jalet questionne l’errance à travers une chorégraphie évoluant dans un désert de sable noir étincelant et des passages au sol assez bestiaux. La musique électronique parfois dissonante de Tim Hecker amène une tension dans l’apparente tranquillité du paysage et ajoute à l’idée de chaos organisé de la scène. La division entre clarté et obscurité est soulignée par la noirceur du bas du corps des danseurs et du sable jonchant le sol face à la substance blanche liquide qui se solidifie quand on la manipule et qui, venue du ciel, finit par les recouvrir.

Une émulation cosmopolite des corps

Sur scène, six danseurs et danseuses venus des quatre coins de la planète. Dans la pénombre, Ema Yuasa vient réveiller la scène remuant le sable dans lequel elle était engluée. Derrière elle, un bloc de corps se met en mouvement. Cette Pangée humaine mute en se disloquant pour faire corps un à un avec le sol, d’un contrepoint indocile à un unisson flexueux. Six danseurs au physique très distinct (Shawn Ahern, Kim Amankwaa, Aimilios Arapoglou, Francesco Ferrari, Vinson Fraley, Christina Guieb, Astrid Sweeney, Ema Yuasa), tous moitié nudité, moitié sable, interagissent ensemble avec des éléments communs, tels les six continents flottant sur la même planète et les mêmes ressources.

Un écosystème porté magnifiquement par ces danseurs qui crient leur élan vital en s’élevant tout au long de la représentation. Commençant de manière statique, très ancrés dans le sol mais légers dans les ondulations du haut de leur corps, les danseurs semblables à des roseaux vont peu à peu prendre leur envol à travers des figures de plus en plus stylisées, jusqu’à défier la gravité en coopérant. La cohabitation sauvage mais harmonieuse et respectueuse de ces biomasses mouvantes montre un état de nature heureux et précaire. Une harmonie fragile dans laquelle les danseurs finissent toujours dominés par un espace commun plus grand qu’eux et leur dépendance aux ressources.

À travers Planet [wanderer], Damien Jalet donne une suite terrienne à Vessel en partageant son interprétation de l’état de nature, un équilibre entre la monotonie uniforme mais surplombante de l’espace et le chaos créateur du vivant.

 
 
Planet [wanderer] de Damien Jalet et Kohei Nawa, du 15 au 30 septembre 2021 à 20 h 30 et 19 h 30 le jeudi au Théâtre de Chaillot.
Reprise le samedi 11 décembre à 20 h 30 au Festival de danse de Cannes-Côte d’Azur
 
Visuel ® Rahi Revzani / Service de presse de Chaillot
“Le roi des nuages”, parler de la différence avec légèreté et poésie
“Natchav”, l’ombre amoureuse du cirque
Lucas Liberati

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration