Danse
Out of context, le chef d’oeuvre d’Alain Platel se redonne à voir dix ans après

Out of context, le chef d’oeuvre d’Alain Platel se redonne à voir dix ans après

20 January 2019 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En 2009, à la mort de Pina Baush,  le fondateur des Ballets C de la B écrit un spectacle inouï, totalement dément. Ce weekend, Hortense Archambault reprogramme ce “tube” qu’elle avait offert en 2013 à Avignon, qu’elle dirigeait alors avec Vincent Baudrillier, dans sa maison actuelle, la MC93.

Chez Platel, on attend toujours une explosion, toujours des corps malmenés aux bords de la laideur, disloqués.  Dans Out of context, tout est poussé à l’extrême, à l’animalité. “9 couvertures, 9 slips et un chef d’oeuvre” déclame un spectateur lors de la rituelle transhumance qui ramène le public de Bobigny à Paris. On ajoutera… et trois micros. On va entendre des respirations, des râles. Mais pas que. On entendra des chansons, beaucoup, qui sont toutes des intemporelles, tous genres confondus, de “Calling you” à “Aïcha”. 

For Pina, cela veut forcement dire qu’il y a du théâtre. Il cite les farandoles où les danseurs dansent du visage avec le bout des doigts (chez Platel, ajoutez les orteils)  et les scènes de séduction.  Out of context est 100% Platel dans ses gestes reconnaissables entre mille. Il y a de l’extrême ici, des côtes visibles, des sauts improbables, des portés sans beauté.  

Un par un chaque mouvement est une souffrance ET  l’ensemble est éblouissant. Mathieu Desseigne Ravel, Kaori Ito, Mélanie Lomoff, Ross McCormack, Quan Bui Ngoc, Romeu Runa, Elie Tass, Rosalba Torres Guerrero, Hyo Seung Ye sont sur scène, en culottes (et soutien-gorge) pour les filles et en slip pour les garçons.  Ils ont chacun un plaid rouge. Ils se partagent le micro. Ils sont la distribution d’origine, seule Emilie Josse manque.

Des corps très différents avec deux points communs : ultra laxs et ultra musclés. Choré en grec veut dire malade. De la à dire que la chorégraphie est l’écriture de la maladie, nous n’oserons pas ! Mais Alain Platel ne fait que ça : montrer des corps distordus, des jambes qui sont lancées comme des ballons de baudruches et des langues tirées. 

Hommage à Pina indéniable, leçon de construction de danse aussi. On ne sait jamais où regarder, les danses sont font par deux, par neuf, par tout seul. Et en même temps. Comme chez Pina, on s’amuse beaucoup, les danseurs sont parfois dans le public et la poésie surgit sans prévenir.

On lève la main pour danser un slow, on hurle au triomphe. Platel prouve que dix ans après son ballet n’a pas pris une ride 

Visuel :© Chris Van der Burght:

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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