Danse
Opening Night et ouverture du festival Faits d’hiver au Théâtre de la Cité Internationale

Opening Night et ouverture du festival Faits d’hiver au Théâtre de la Cité Internationale

27 January 2013 | PAR Smaranda Olcese

Le festival Faits d’hiver démarre avec panache sur les planches du Théâtre de la Cité Internationale. Opening Night, la nouvelle création de Mark Tompkins, se joue des paillettes et des plumes, des fausses fourrures en léopard et des voiles translucides, dans un tourbillon de numéros tragi-comiques : Let’s go on with the show !

 

L’un est perché sur des escarpins vertigineux, l’autre traverse la scène en glissant sur un skateboard. L’un a la voix légèrement éraillée après la fête de la veille, l’autre fait des démonstrations de virtuosité dans différents registres, en passant avec légèreté des falsettos de boys band aux standards jazzy. L’un, Mark Tompkins, véritable bête de scène, chorégraphe et performeur, cultive son univers déjanté et subversif depuis les années 70, dans les marges fertiles de la danse contemporaine. L’autre, Mathieu Grenier, jeune loup, fort de son passage par ex.e.r.ce (formation mise en place par Mathilde Monnier au CCN de Montpellier), affiche avec superbe de remarquables qualités de scène.

L’alchimie prend, au fil des numéros qui revisitent des troupes incontournables du music hall : la diva nostalgique, sur le retour, avec son legging doré et ses bigoudis désuets, le Junior turbulent qui tend à lui voler la vedette, les duos drôles et les situations les plus incongrues, telle cette apparition en moustachus égyptiens qui finissent par se déhancher sur les rythmes commerciaux de Beyoncé. La complicité est de mise. La franchise avec laquelle ils se donnent le change finit par séduire. L’exubérance de propositions scéniques et la fougue de l’interprétation ne sauraient cacher une certaine fragilité du dispositif – elles sont, au contraire, magnifiées de par la poésie qui s’en dégage. Des ruptures de rythme brouillent parfois les pistes, la cage de la scène avec son lourd rideau rouge scintillant s’apparente à une boite à merveilles, à l’image de celle qu’on va faire entrer sur scène pour le numéro de magie, et sur laquelle figure cette question What is Art ? Outre la disparition/apparition/réapparition du chorégraphe, l’une des séquences les plus saisissantes implique Rodolphe Martin, troublant dans un solo inattendu, orientalisant, dont le déhanché lascif s’accélère de manière incontrôlable et déraille dans des petits soupirs.

Une tension intergénérationnelle nourrit en profondeur la matière de la pièce. Il y va d’une passation de flambeau. S’il est désormais certain que nous allons entendre parler de plus en plus souvent de Mathieu Grenier, dont la formidable gouaille laisse l’audience conquise,  gageons également que Mark Tompkins n’a pas dit son dernier mot – ses prochains spectacles seront attendus avec autant d’enthousiasme.

photographies © Mathilde Delahaye

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Smaranda Olcese

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