Moments forts au festival Métamorphoses de la Briqueterie
Après un passage par la Belgique et la Pologne, le festival Métamorphoses s’est déroulé à Vitry-sur-Seine, du 11 au 15 juin.
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Métamorphoses est impulsé par trois lieux culturels européens : les Brigittines à Bruxelle, le Zamek à Posnan et la Briqueterie à Vitry-sur-Seine, qui ont en commun d’être des lieux chargés d’histoire dont la vocation artistique est récente : ils ont été respectivement des lieux de la religion (une chapelle), du pouvoir (un château) et du travail (une usine).
Religion, pouvoir, travail, des valeurs fondatrices en constante métamorphose, un triptyque qui ne pouvait pas manquer d’inspirer la création contemporaine européenne.
Si la programmation fait la part belle à la danse avec les propositions chorégraphiques de trois artistes retenus lors de l’appel à projet : Karine Pontiès (Belgique), Dario Da Stella (Italie), Dominika Knapik (Pologne), elle présente également le travail de la vidéaste Clotilde Amprimoz avec son film Rien ne sourit plus qu’un fantôme bienveillant, et trois projets in situ de collectifs artistiques pluridisciplinaires.
L’occasion de découvrir Wandertag, un projet de magazine in-situ porté par une équipe germano-française qui se développe de manière itinérante et irrégulière depuis 2007,.
Dans chaque lieu qu’ils investissent, les artistes de Wandertag campent leur «pop-up office» en bois blanc, micro-atelier où se bricole chaque édition du magazine, qui propose un regard artistique plein d’amour et d’humour, mais non moins pertinent, sur les transformations urbaines et sociales qui agitent les quartiers dans lesquels ils s’installent.
Le Wandertag est distribué gratuitement. A la Briqueterie, ce sont les petites mains des artistes qui ont assemblé les pochettes pleines de surprise de la 11ème édition du Wandertag, lors d’une lecture-performance au format plateau radio, avant de nous les distribuer pour notre plus grand plaisir.
Plus tard dans la soirée, Karine Pontiès présentait Tyran(s) au théâtre Jean Vilar de Vitry, partenaire de longue date du Centre de Développement Chorégraphique du Val-de-Marne.
Karine Pontiès propose sans doute les pièces les plus marrantes que l’on puisse voir actuellement. Elle manie l’humour comme une des facette malicieuses et ô combien précieuses d’un regard de lynx dardé sur le corps, individuel et collectif, et ce qu’il révèle de l’intime et des relations humaines.
Avec Tyran(s), Karine Pontiès met en scène trois figures du pouvoir : le pape, le roi et le patron, et expérimente leurs présences simultanées et un peu anachroniques dans une étroite grandiloquence d’une sorte d’antichambre. Une très belle proposition scénographique joue sur plusieurs registres : d’une proposition visuelle presque esthétisante qui va en révélant ses ficelles de carton pâte, réjouissances héritées de nos imaginaires d’enfants.
On assiste à la métamorphose, réellement physique, de chacun des potentats, tandis que leurs attributs tombent en désuétude ou au contraire gagnent en force. Les intrigues sont nombreuses dans l’antichambre du pouvoir au fur et à mesure que s’en reconfigure la répartition : domination, séduction, alliances et trahison. Délitement du decorum et destruction du décor sont poussés jusqu’à l’extrême, pour une jouissance encore presque enfantine, comme on arrache les pattes des mouches.
visuel : Tyran(s)