« Light Bird » au Théâtre de Chaillot : une sensibilisation à la nature
Chorégraphe et ornithologue passionné, Luc Petton se lance en 2004 dans une aventure originale, mêlant danse contemporaine et oiseaux. En 2010, la scène de Chaillot était devenue une grande volière avec La Confidence des oiseaux, et s’était peuplée deux ans plus tard de majestueux cygnes avec Swan. Ce travail chorégraphique et expérimental se poursuit avec Light Bird, à la découverte des grues de de Mandchourie…
Avant que le spectacle commence, on nous demande d’être très vigilants par rapport aux bruits et aux lumières car les grues y sont très sensibles, et de n’applaudir qu’une fois le rideau relevé, signifiant que les oiseaux seraient rentrés dans leur loge. Une mise en situation qui nous intrigue.
Dans une gestuelle qui évoque le déplacement des grues, les danseurs s’emparent de l’espace dans une énergie aérienne mais aussi prononcée. Un écho aux danses traditionnelles japonaises – fortement suggéré par la musique et les accessoires (bâtons, clochettes), et inspiré aussi du goût des arts martiaux de Luc Petton – apporte une sensation de sérénité à l’ensemble. La pièce s’articule entre mouvements et respiration, entre trame et imprévu.
Lorsque les quatre grues entrent sur scène, nous sentons leur force. Elles s’imposent majestueusement et dominent sans aucune forme d’agressivité. Curieuses, elles semblent toujours à la découverte de l’espace. Les danseurs, le chorégraphe et le musicien sont également dans cette découverte qui, tout en maintenant la structure chorégraphique, s’adaptent à la déambulation et les envolées des oiseaux.
Calme, découverte et beauté visuelle résument bien Light Bird. Malgré quelques longueurs chorégraphiques dont nous ne comprenons pas toujours la symbolique, cette nouvelle pièce de Luc Petton tient toute sa force dans le vivant. Il est important de savoir que la grue de Mandchourie est une espèce menacée d’extinction, du fait de la destruction de son habitat naturel. En collaboration avec le parc zoologique d’Amiens Métropole, le projet n’est pas que chorégraphique mais également de développer un programme de sauvegarde de l’espèce par sa réintroduction et son repeuplement en milieu naturel.
Autrement dit, calme, découverte et beauté visuelle résument bien Light Bird, mais la sensibilisation semble être le maître-mot. L’art permet donc de sensibiliser au monde qui nous entoure, car préserver nos espèces et nos espaces, c’est aussi préserver notre culture.
Light Bird de Luc Petton, au Théâtre de Chaillot du 5 au 13 mai 2015. Informations et réservations ici.
Visuel: image de répétition © Alain Julien