Danse
Les Étés de la danse : second volet

Les Étés de la danse : second volet

14 July 2011 | PAR Alienor de Foucaud

Depuis une semaine, le Miami City Ballet a pris ses quartiers au Théâtre du Châtelet, au plus grand bonheur des balletomanes parisiens et autres férus de danse. Les plus grands ballets de Balanchine y sont présentés, accompagnés par l’orchestre Prométhée. Un festival qui prend des allures de rendez-vous culturel incontournable, cet été.

Mardi soir, les danseurs du Miami City Ballet, sous la direction du très grand Edward Villella, nous replongeaient dans l’univers balanchinien, avec The Four Temperaments et les fameux Themes and Variations. Pour la première fois en Europe, ils présentaient également une création du chorégraphe Paul Taylor, Promethean Fire. Cadeau de l’artiste fait à la compagnie il y a quelques années, une pure merveille.

Si Themes and Variations évoque les fastes de Saint-Pétersbourg dans l’ancienne Russie, rendent hommage à Marius Petipa et déployant des guirlandes de danseurs ; The Four Temperaments s’inscrit davantage dans la tendance moderniste de Balanchine, recherchant le dépouillement et la simplicité dans un ballet « en noir et blanc ». S’inspirant de la médecine antique enseignée par Hippocrate, Balanchine s’est attaché à mettre en mouvements les quatre humeurs, physiques et psychologiques, qui irriguent le corps humain : la mélancolie, le flegme, la colère et le sanguin. Quatre tempéraments qui entrent en correspondance avec la terre, l’eau, l’air et le feu. Partant du vocabulaire académique, l’œuvre ouvre des voies nouvelles au classicisme, en intégrant des éléments de la modern dance. Chorégraphie et musique réalisent ainsi un équilibre – hardi pour l’époque – entre les enseignements classiques et les tendances esthétiques modernes. La danse se fait de plus en plus « expressive » détournant une technique bien maîtrisée.

Figure historique et toujours vivante de la « modern dance », Paul Taylor tire son enseignement de Martha Graham et Merce Cunningham. Promethean Fire a été créé suite aux évènements du 11 Septembre, exprimant avec force et puissance une immense douleur ressentie collectivement. Cérémonial lyrique, sur des compositions de Bach, le ballet est sombre, les décors dépouillés, les costumes noirs et unis, les danseurs ont l’air grave. Mais le pas de deux central, dansé par l’unique danseur français de la compagnie, le très beau Yann Trividic, laisse penser qu’après le conflit, une solution est possible. Les corps s’entrelacent, formant une cathédrale humaine. Cette pièce a incontestablement une dimension de grandeur spirituelle. Sûrement l’une plus belles chorégraphies de Paul Taylor.

Tous les soirs, le Théâtre du Châtelet fait salle comble, honorant la mémoire de Balanchine, rendant hommage à Edward Villella et applaudissant cinquante grands danseurs. Encore dix jours de grâce et de magie.

Réservation et programmation: ici

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