Danse
La masculinité en question au festival JET LAG

La masculinité en question au festival JET LAG

27 May 2019 | PAR Bénédicte Gattère

Avec la présentation d’une étape de travail, la chorégraphe Catherine Dreyfus donnait un avant-goût de son prochain spectacle dans le cadre de Jet Lag. Centrée autour de la question de “Qu’est-ce qu’être un homme ?” la soirée de clôture au Théâtre de l’Étoile du nord fût riche d’échanges avec le public.

Intitulée “HOM(m)ES. Sources d’inspiration”, la soirée qui concluait le festival JET LAG était orchestrée de manière bousculer nos préjugés quant à la masculinité. Pour ce faire, Catherine Dreyfus  a mis un point d’honneur à dévoiler en toute transparence son processus de travail du spectacle HOM(m)ES. Au programme, la réactivation de la pièce Un R de Ruse, pensée comme une pièce modulable de 12 minutes pour trois interprètes masculins, une étape de travail et la projection du long métrage documentaire Coby. Ce dernier, réalisé par Christian Sonderegger, compagnon de Catherine Dreyfus, venait éclairer le travail en cours dont il est le point de départ. 

En 2019, Catherine Dreyfus, qui a fondé il y a presque dix ans la compagnie ACT2, choisit de s’attaquer aux questions liées au genre, – le genre compris comme norme sociale assignant les individus à des rôles de “femme” et d’ “homme”. Avec sa compagnie, elle entame donc un nouveau cycle de création autour de ces questions. Ainsi on retrouvait les danseurs Gianluca Girolami et Gaétan Jamard d’Un R de Ruse venus présenter l’étape de travail. Par le mouvement et l’inscription dans les corps de certaines normes, nous agissons comme “hommes”, ou comme “femmes” et contribuons à renforcer par là-même ces normes qui nous sont pourtant extérieures.

En repartant du corps précisément, de la façon dont on l’agit, dont on le met en mouvement et le construit, Catherine Dreyfus révise ces attentes. Les interprètes adoptent ainsi des attitudes de distanciation par rapport aux normes de la masculinité, non sans humour, ou bien encore nous perturbent et nous bousculent dans nos représentations… Une belle façon de rouvrir nos imaginaires par rapport à nos identités de genre : un enjeu de taille auquel ouvre la question féministe et qui, tout en la dépassant, nous concerne tous.

Après la demi-heure de spectacle, le public a pu assister à la restitution des ateliers menés en amont de la pièce. Menés par Catherine Dreyfus et Vincent Ecrepont, auteur, ils proposaient de s’interroger autour de la définition d’un “homme”. Les lycéen.ne.s du lycée Vauquelin du 14ème arrondissement de Paris ainsi que les seniors du club Georgette Agutte du 18ème arrondissement qui y ont participé nous ont donné à voir et entendre un moment émouvant où chacun.e a pu émettre son point de vue sur le sujet, à partir de son vécu et de son ressenti. Pour finir, après la projection de Coby, un documentaire dans lequel le réalisateur suit la transition de son frère transgenre FtoM (FemaleToMale), un moment de questions-réponses a donné lieu à un échange nourri et sincère avec les personnes présentes dans la salle. Leur curiosité sur la question de la masculinité semblait avoir été éveillée dans un sens positif de remise en question des évidences et des normes de genre. Une belle réussite pédagogique qui amène chacun.e à plus d’ouverture grâce à l’art !

HOM(m)ES sera joué dans sa version définitive à la rentrée au Théâtre de l’Étoile du nord.
Toutes les informations sur le site de l’Étoile du Nord.

Visuel : ©ACT2 Compagnie

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Bénédicte Gattère
Étudiante en histoire de l'art et en études de genre, j'ai pu rencontrer l'équipe de Toute la culture à la faveur d'un stage. L'esprit d'ouverture et la transdisciplinarité revendiquée de la ligne éditoriale ont fait que depuis, j'ai continué à écrire avec joie et enthousiasme dans les domaines variés de la danse, de la performance, du théâtre (des arts vivants en général) et des arts visuels (expositions ...) aussi bien que dans celui de la musique classique (musique baroque en particulier), bref tout ce qui me passionne !

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