Danse
La Bomba Suicida s’abat sur Chantiers d’Europe au Théâtre de la Ville

La Bomba Suicida s’abat sur Chantiers d’Europe au Théâtre de la Ville

14 June 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Chantiers d’Europe intervient maintenant depuis quatre ans en fin de saison au Théâtre de la Ville. Cette année, le festival se concentre sur le Portugal avec, hier soir et ce soir, un focus autour du collectif Bomba Suicida. Inégal et passionnant.

19h30 : Marlene Monteiro Freita, Guintche

GUINTCHE_Bomba suicida HQAlors là, on n’est pas passé loin du coup de poing, mais ce n’est qu’une minuscule tape que l’incroyable danseuse Marlene Monteiro Freita nous a donné. Celle qui éclatait le plateau dans Mimosa et qui a appris à se déphaser à l’école P.A.R.T.S se prête au jeu de la chorégraphie pour un spectacle, osons le dire… décevant.

Décevant car jamais la danseuse ne remplira son contrat de tisser un fil du début à la fin de son spectacle pour nous poignarder de surprise.

Elle est seule en scène, dans un décor qui fonctionne, celui d’une grande vague bleue où, suspendu aux cintres, un sac de frappe attend qu’un boxeur vienne le défoncer. Elle entre en scène, la capuche visée sur la tête. Dans un effet, elle tombe la veste pour se retrouver dans une tenue non pas de boxeuse mais de danseuse : un boa en guise de tutu, un short à paillette, un justaucorps et un haut transparent. Elle se déforme le visage à l’aide d’une seconde bouche qu’elle malaxe, mange et se colle. Vient la samba qui ne cessera (presque) pas. Elle va être possédée par “Guintche” un démon issu de son imagination dans une danse qui se veut frénétique, irritante et hypnotique.

Malheureusement, la performance ne surgit pas car la proposition manque d’originalité et de radicalité. L’obsession de la répétition devrait fonctionner à merveille, nous l’avons vu avec This is not about de Daniel Linehan. Ici, il ne manque pas grand-chose pour que le spectacle soit réussi. Mais, Marlen Monteiro Freitas n’arrive pas à nous emmener dans son combat contre elle-même, en proposant des coupures trop nettes dans “Guintche”, elle ne permet pas à la fascination de surgir.  Dommage.

20h30 : Entracte : Gazela Vinho Verde et pastéis de nata

L’occasion du changement de décor aura transformé la cour du théâtre des Abbesses, le temps d’une petite demi-heure en rua de Lisbonne…

21h- Tânia Carvalho, The Recoil of Words

RE1301_0031_highLe second spectacle tient du chef-d’œuvre. C’est à une heure suspendue au souffle de la cornemuse de Jean Blanchard que Tânia Carvalho a eu l’idée de nous attacher.

Au commencement, il y a LAD, la composition musicale de l’Américaine Julia Wolfe, un morceau d’une virtuosité saisissante qui s’attrape d’un trait et dont  la chorégraphe, musicienne et danseuse Tânia Carvalho s’est éprise lors d’une proposition pour le Festival Aire de Jeu où devait se confronter un musicien contemporain avec un chorégraphe.

Ici on retrouve Marlene Monteiro Freita accompagnée de Luis Guerra et Tânia Carvalho.

Ils apparaissent comme des pantomimes, vêtus chacun d’un académique noir et blanc aux épaules agrémentées de franges. Ils ont aux pieds des pointes qui rendent leur démarche scabreuse. La lumière leur joue des tours, Elle se fait sombre ou ligne pour comme dans un dessin animé, ne mettre en relief que leurs yeux fous.

La danse se fait éblouissante de technicité et d’équilibre. Marlene Monteiro est une poupée de chiffon avec laquelle le reste du trio s’amuse. Au sol, ses jambes sont attrapées pour se soulever indéfiniment haut avant d’effectuer des torsions époustouflantes d’apparente légèreté.  Les corps se soulèvent comme la respiration impose à la poitrine ses allées et venues.

Le morceau de musique sera ainsi habité par la chorégraphie aux accents magiques. Les mains de la déesse Shiva viennent trembler pour nous plonger dans une atmosphère au temps suspendu. Magnifique. 

Ce soir, le second programme de Bomba Sucida sera présenté à  20H30 au Théâtre de la Ville-Les Abbesses.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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