Danse
Introspection et désirs en ouverture du Festival June Events

Introspection et désirs en ouverture du Festival June Events

09 June 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

June events, c’est LE rendez-vous danse du mois de juin. Voilà, c’est dit. Pour ouvrir sa neuvième édition, le tout nouveau Centre de Développement Chorégraphique a offert un focus passionnant et masculin sur la scène canadienne à l’occasion de deux créations et premières françaises : Data de Manuel Roque et Solitudes Duo de Daniel Léveillé.

Rarement la musique classique aura tant résonné dans un festival de danse contemporaine. De Fauré pour Data le solo de Manuel Roque à Pancrace Royer pour les Solitudes duo de Daniel Léveillé. On aura vu des corps se confronter aux cordes. Pour le premier spectacle, on découvre Manuel Roque, seul en scène ou presque. Il est accompagné d’une masse en aluminium aux allures d’une pietà futuriste. Sa danse est proche de la contorsion. Il commence par des Nauli, des mouvements abdominaux spectaculaires qui se pratiquent au yoga. La danse est ici très intérieure, le geste se fait ondulatoire, quasiment sans déplacement. Puis, comme hanté, devenu incarnation baroque des sculptures de Michelangelo, les flancs se font cadavériques et la bouche caveuse. Il y a de la mort et de la douleur là-dedans dans une sublimation de la beauté. Malheureusement, la belle idée, bien exécutée, s’essouffle dans trop de répétitions et la présence de la masse grise sur le plateau devient inutile. Reste un jeune chorégraphe à suivre de prés.

Le second spectacle lui était le fait d’une star. Daniel Léveillé est connu des services depuis trente-cinq ans maintenant. Et rarement il sort de son thème de prédilection : les paroxysmes passionnels : Voyeurisme, L’inceste; Fleur de peau, L’étreinte, But I love you, écris moi n’importe quoi

Ses Solitudes duo n’échappent pas à la règle et c’est tant mieux. La pièce fait suite à Solitudes Solo, auréolée du prix de la meilleure œuvre chorégraphique 2012-2013 par le Conseil des arts et des lettres au Québec. Sept danseurs-seuses athlétiques vont jouer des variations sur le couple ou plutôt sur le désir amoureux. Jamais ils ne s’embrassent. Gays, Lesbiennes, hétéros. Jamais. Pourtant, ils se portent avec violence, se supportent même. Ils volent les uns sur les autres. Ils se carapatent et avancent comme des insectes. Ils s’étreignent fort à s’avaler l’un l’autre. La musique oscille entre des menuets signés Bach ou Pancrace Royer et les tubes sexy des Doors, “When the music over”, et “I Want You (She’s so heavy)” des Beatles.

Ce que propose Léveillé est sexy en diable sans jamais être vulgaire ni voyeur. Ces ballets à deux ne sont effectivement que des solitudes qui se séparent toujours sans se regarder à peine. Il y a ici une compréhension très juste des rapports humains. La phrase chorégraphique est quasiment toujours la même, faite d’appuis et de portés qui ne supposent aucun échec. Le désir est ici palpable, il devient mouvement dans les traces de mains qui marquent rouge sur les corps torses nus.

Solitudes Duo est une pièce intense, puissante, qui questionnera votre rapport au jeu de séduction.

Le festival June Events se déroule jusqu’au 20 juin, tout le programme ici.

Visuels :

Manuel Roque Data ©Marilene Bastien
Manuel Roque Data ©Marilene Bastien
Daniel Leveille, Solitudes duo(c) Denis Farley
Daniel Leveille, Solitudes(c)Emmanuel Proulx

Infos pratiques

Association Arsène
Studio Théâtre (STS)
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