(Interview) Héla Fattoumi : le Centre chorégraphique national de Caen est un projet en crise de croissance
A deux jours de l’ouverture du festival de danse “Danse d’Ailleurs”, Héla Fattoumi, la co-directrice du Centre chorégraphique national de Caen a accepté de répondre à nos questions.
Le festival s’ouvre donc le 20 mars, quel a été le fil conducteur pour cette septième édition ?
Cette septième édition est particulière car le festival devient biennale, il a lieu maintenant un an sur deux ce qui nous a permis d’avoir plus de temps pour aller à la rencontre d’artistes. Ce qui fait la spécificité du festival, et cela depuis le début, c’est qu’il donne la parole à des artistes en relation avec l’Afrique. Et depuis quelques temps nous regardons aussi du côté de l’Asie et du Japon.
Quelles sont les thématiques déployées ?
Il y a deux thématiques. La première est le lien qu’entretiennent des artistes occidentaux ou installés en occident avec des artistes installés, travaillant ailleurs. C’est le cas d’Herman Diephuis qui est allé à Ouagadougou pour travailler avec quatre interprètes qu’il a rencontrés là-bas, cela a été l’occasion pour nous de créer un quatuor. Cela peut être Catherine Diverès qui rend hommage à Kazuo Ohno, l’un des maîtres fondateurs du Butô. On peut citer Radhouane El Meddeb, un artiste tunisien qui a demandé à Thomas Lebrun de penser un spectacle avec lui. On ne craint pas de travailler sur la notion de parcours, entre les générations, entre les territoires.
Le deuxième axe est celui de la question du genre. Par exemple le travail de Danya Hammoud qui développe une façon d’être femme sur le plateau en tant que femme libanaise. Elle a une façon de repenser la féminité qui nous semblait intéressante ou de Taoufiq Izaddiou, que l’on soutient depuis plusieurs festivals. Il présentera une étape de travail, lui qui est un homme a une façon troublante de représenter le féminin, toujours inattendue.
Vous chorégraphiez Masculines en compagnie d’Eric Lamoureux
Oui, Masculines ouvre le festival. Le spectacle est la suite d’une réflexion autour des femmes. On a fait deux pièces qui s’intéressaient au monde arabo-musulman en posant le corps de la femme dans sa disparition. Dans mon solo Manta et dans Lost in Burqa les femmes étaient recouvertes de Niqab donc on imaginait, on était dans une érotisation du corps dans sa disparition. Dans Masculines à l’inverse, on a souhaité commencer la pièce par le tableau orientaliste de Ingres, Le bain turc qui rêve les femmes, les fantasme, là, elles sont dévêtues. Ici, la question de l’érotisation du corps et de tous les clichés liés aux représentations du féminin est le point de départ de Masculines qui réunit sept interprètes femmes sur le plateau.
Est-ce une pièce qui dénonce les stéréotypes soulevés par l’évocation de la féminité ?
Une provocation oui, une dénonciation forcément, mais on ne fait pas une pièce qui résoudrait tous les problèmes liés aux représentations du féminin. Ce qui nous intéresse quand on fait des pièces avec Eric Lamoureux c’est de mettre en scène le questionnement. Le spectacle a déjà un peu tourné et il suscite de nombreuses et différentes réactions. C’est une thématique insoluble. Il y a des interrogations que l’on souhaite partager. Avec toute l’équipe de la création on s’est demandé si en tant que femme on avait conscience d’être un cliché en se mettant dans telle ou telle posture. On est entré dans une dynamique de questions.
Vous dirigez le Centre Chorégraphique National depuis 2004, quel est votre bilan ?
On est très fiers et très heureux de ce qu’on a pu déployer et des liens que l’on a pu tisser sur le territoire. On est sur un projet qui est en crise de croissance. On travaille avec les amateurs, les enfants, le troisième âge… On a du mal à suivre tout ce que l’on génère. On est très heureux que la danse contemporaine vive. Le public nous demande de continuer, c’est plus les moyens économiques et humains qui nous manquent.
Photos © DR & E. Grundmann
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