
Hervé Robbe se livre dans Un terrain encore vague
Directeur du Centre chorégraphique national du Havre, Hervé Robbe renoue le dialogue entamé avec l’œuvre sculpté de Richard Deacon en 1993, dans Factory. Un terrain encore vague est une pièce à forte résonance autobiographique, qu’il danse avec Alexia Bigot.
Petit, Hervé Robbe a grandi dans une cité en construction, ce qui lui vaudra une sensibilité jamais démentie aux problématiques liées à l’architecture, aux chantiers et aux démolitions. À côté de la cité, se trouve un terrain vague, dont il explore tous les arpents, avant de réaliser que ce territoire à la marge est le champ de tous les possibles, de tous les mondes que son imaginaire peut y convoquer.
Telle est l’origine intime de ce projet, le hasard ayant voulu que le chorégraphe découvre dans l’atelier de Richard Deacon des œuvres inachevées, superbes embryons de sculptures, volutes de bois aux courbes ensorcelantes. Quelle plus belle métaphore pour un terrain à construire : ils sont devenus ces éléments de décor que les danseurs agencent sur scène tout au long de la pièce, modifiant sans cesse l’espace scénique dont ils disposent.
Aidé par la sobriété des costumes unisexes, les éclairages changeants du cyclo en fond de scène, et la musique de Romain Kronenber, Hervé Robbe installe minutieusement l’atmosphère propice au surgissement du geste et du souvenir, avec une élégance et une générosité tournée vers la passation, vers demain. Et le terrain, par un glissement subtil, après la lecture d’un texte mémoriel, de devenir une « vague » au sens propre, un univers flottant, auquel les sculptures de Deacon font écho.
« Le terrain vague est devenu terrain de jeu. Il n’avait pas de désignation, c’était une zone indécise de broussailles où les bulldozers avaient fait des tranchées. Ce territoire à la marge ne prenait sens qu’avec ce qu’on en imaginait. » Hervé Robbe
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