Danse
“Herbe folle” d’Hervé Sika au Théâtre Le Colombier à Bagnolet

“Herbe folle” d’Hervé Sika au Théâtre Le Colombier à Bagnolet

17 October 2015 | PAR Constance Delamarre

La compagnie MOOD/RV6K présente au Théâtre Le Colombier à Bagnolet un nouveau spectacle chorégraphique, Herbe Folle, porté par son directeur artistique Hervé Sika.

Ce spectacle s’engage sur un sujet social d’actualité, les immigrés qui cherchent une vie meilleure en ville et qui s’enracinent dans les périphéries où rien ne poussent, sauf des herbes folles comme preuve d’espoir. Le sujet est intéressant mais la création est décousue: mix de danse (contemporaine et hip-hop), de musique et de multimédia, Herbe Folle nous mélange un peu l’esprit.

Hervé Sika tient un rôle solide mais s’exprime dans une énergie soit lente, soit répétitive, ce qui tend finalement à diminuer l’impact du message qu’il veut délivrer. En effet, son entrée en scène se fait par une marche tellement lente que le spectateur a du mal à entrer lui dans le spectacle. Ensuite, ses mouvements répétés – notamment lorsqu’il tourne en rond – nous décroche finalement du sujet, et nous perdons le fil de la bobine qu’il entoure.

Des voix off s’insèrent dans le spectacle, à la fois des témoignages d’immigrés et un poème énoncé à la manière d’un slam, et se mêlent à la musique, à la fois vivante (Hervé Sika est accompagné par Samia Diar au chant et à la guitare) et enregistrée. Toutes ces données pourraient rendre le spectacle riche mais ne font que le rendre confus, et nous ne sentons pas une totale osmose entre tous ces éléments qui constituent le spectacle.

Des images sont également projetées derrière Hervé Sika pour illustrer son propos, notamment un dessin qui schématise une ville et des vidéos de lui dansant dans des environnements extérieurs. Seules, ces images sont très parlantes et finalement beaucoup plus que la danse elle-même. Elles prennent d’ailleurs le dessus sur le danseur qui s’estompe dans le décor. Toutefois, le travail de lumière est beau et reflète les émotions qu’Hervé Sika souhaite exprimer.

Herbe Folle est un spectacle au message fort mais semble encore en découverte pour ses créateurs. Parler de ces hommes et de ces femmes qui, attirés par la lumière des villes, s’enracinent dans les interstices des périphéries pour prendre vie est intéressant. La danse aurait pu se suffire à elle-même pour exprimer leur énergie combative, leur souffrance ou leur espoir, mais le multimédia prend un peu le dessus sur une chorégraphie un peu pauvre.

Herbe Folle d’Hervé Sika, Cie MOOD/RV6K, au Théâtre Le Colombier à Bagnolet jusqu’au 17 octobre puis en tournée. Plus d’informations ici

Visuels © Valérie Frossard

Infos pratiques

Soulèvement(s) de Marcel Bozonnet et Judith Ertel : un texte sublime pour un spectacle décevant
[Critique] « Crimson Peak » Guillermo del Toro revient avec un nouveau film décevant
Constance Delamarre

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration