Danse
Cédric Charron et Annabelle Chambon “I promise this is the last time”

Cédric Charron et Annabelle Chambon “I promise this is the last time”

01 February 2014 | PAR Camille Lucile Clerchon

Couple en ville et couple en scène, Cédric Charron et Annabelle Chambon parlent d’eux mêmes, mais pas uniquement, dans cette pièce sur la vie à deux qu’ils ont présenté au Festival Artdanthé.

Les deux danseurs phares de Jan Fabre campent deux personnages aussi échevelés que leur manteau de fourrure qu’ils portent à même leur corps entièrement nus.
On retrouve chez les danseurs l’engagement physique intense et la corporéité nerveuse caractéristique des interprètes du grand chorégraphe flamand.
Toujours seuls à deux, il n’auront de cesse de s’engager sur des trajectoires similaires mais individuelles. Cédric Charron et Annabelle Chambon sont délicieusement semblables, subtilement androgynes, résolument contemporains car fondamentalement individualisés et surtout pas complémentaires.
Leur présence suffit au plateau nu qu’occupe aussi, en toute discrétion, un Jean-Emmanuel Belot néanmoins pourvoyeur d’univers sonores puissants et relevés.
Nudité crue, alcool, salive et rots, usage outrancier d’aliments, si la pièce décape les poncifs sur le couple, elle use aussi sans retenue de ceux d’un certain théâtre contemporain trash.
Après une épuisante transe vitale consistant à parcourir inlassablement la même trajectoire linéaire, avec un entrain presque animal, voilà que les deux tourtereaux nous rejouent Roméo et Juliette, avec force borborygmes vocaux. Puis, ils se livrent à une vraie/fausse interview menée par une voix off dont les questions mêlent non sans loufoquerie vie d’artiste et vie privée et qui ramène tout un chacun à sa part de voyeurisme. Le champagne sabré, l’ivresse d’un morceau à l’énergie rock consommé, la pièce se clôt sur un coït fruitier. Chacun s’applique alors séparément, dans une compétition effrénée, à empoigner, frotter, ouvrir, dévorer, sucer, avaler, cracher avec acharnement les fruits odorants à peau, à chair et à jus.
Un grand vent de fraicheur et de liberté porte la proposition qui se révèle paradoxalement d’une extrême pudeur quant à l’intime et au sensuel sous leur camouflage de grotesque et d’autodérision. Toute la richesse de la pièce se trouve dans la tension entre ce qui, chez les performers, préexiste à la pièce et ce qui se crée par elle.
I promise, this is the last time est ainsi tout autant un hymne à l’amour qu’un hymne à l’art performatif.

Camille Lucile Clerchon

visuel : (c) Artdanthé

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Camille Lucile Clerchon

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