Danse
“At the same time….” Robyn Orlin fidèle aux traditions

“At the same time….” Robyn Orlin fidèle aux traditions

26 March 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

“On a une cérémonie à faire pour purifier la salle”. En voilà un projet fou mené d’une main de reine par la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin qui continue spectacle après spectacle de nous offrir un panorama acide de l’Afrique et des relations interculturelles. Place à la sorcellerie.

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Sur le plateau, des paniers colorés font le mur. Bientôt un homme captera le bruit de ses tongs qui claquent à l’aide d’un micro. Il sera rejoint par sept autres danseurs, tous issus de la compagnie JANT-BI/Germaine Acogny. Elle est actuellement et depuis 2004 la directrice de l’école des sables, le Centre International de Danse Traditionnelles et Contemporaines d’Afrique au Sénégal. Germaine Acogny est celle qui a signé une forme de danse africaine contemporaine. Elle est dans le milieu de la danse ce que l’on appelle un monument.

Huit danseurs donc, prés à en découdre avec Le Simb, entendez la cérémonie du faux lion. Cette cérémonie typique sénégalaise est aujourd’hui, peut-on lire dans la feuille de salle sur l’ordre numérique de Robyn, “un spectacle de rue très populaire pendant les périodes de vacances. Le spectateur pris en défaut est ridiculisé, bousculé, mais sans méchanceté. (…) Le Sim, ou jeu du faux lion remonterait d’une ancienne pratique animiste (…).

Etre dépossédés du mal en 2015, au Théâtre de la Ville, entre deux tours d’un scrutin qui a vu le FN prendre 10 % depuis les dernières élections. Le contexte est là et les danseurs s’amusent et nous amusent à envoyer dans la fosse aux bébés-lions des figures représentant l’extrême-droite, le colonialisme et de façon plus globale, la connerie.

Ils sont époustouflants de talent dans une danse qui puise au centre et joue des oppositions ancrées au sol. La danse est à la fois celle de l’imaginaire collectif blanc sur les rites de sorcellerie africain et l’actuel de la pratique chorégraphique. Ils sont tourbillonnants et nous entraînent à faire tout ce qu’ils désirent. Quiconque a déjà vu un spectacle de Robyn Orlin sait que le spectateur y reste rarement tranquillement assis.

Orlin bouscule, remue, toujours, encore et encore. Déjà en 2012, elle avait travaillé avec sept interprètes de la célèbre compagnie sud-africaine Moving Into Dance Mophatong, une institution, créée par Sylvia Glasser sous le règne de l’Apartheid, à la fin des années 1970. Une compagnie résolument attachée à la perpétuation et à la défense des croyances et des traits culturels autochtones face à la domination de la culture blanche. Le sujet est le même ici, et ces mecs-là nous mettront pendant le spectacle de nombreux gardes-fous. Le spectacle avait été donné au dernier festival d’Avignon recevant déjà un grand succès.

Le spectacle sera donné au 104 les 11 et 12 avril. Réservation ici. 

Infos pratiques

Centre Pierre Cardinal (festival Les Musicales)
Le Théâtre de l’Athénée
Marie Boëda

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