
Dans les archives de Yuval Pick à Faits d’Hiver
Le Festival de danse Faits d’Hiver faisait escale au Théâtre de la Cité Internationale pour deux soirs et un triple programme consacré au directeur du Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape.
Trois spectacles donc, trois formes courtes reliées par un fil : le dialogue. Mais ici un dialogue silencieux, juste fait de jeux avec l’espace. Trois pièces qui sont au répertoire de la compagnie Yuval Pick. PlayBach (2010) Loom (2014), Eddies (2015) sont une seule trajectoire autour de l’énergie.
Il y a l’humour mordant de PlayBach, l’étrangeté de Loom, la beauté de Eddies. Trois pièces très différentes qui seront forcément reçues différemment. Les déplacements chez Pick sont inachevés et foutraques. Il plie les jambes, tord les corps, les empilent dans des déplacements à quatre appuis délirants. Un trio (Thibault Desaules, Adrien Martins, Madoka Kobayashi), puis un duo (Julie Charbonnier et Madoka Kobayashi), puis un quartet (Julien Charbonnier, Thibault Desaules, Madoka Kobayashi et Adrien Martins).
Ce qui étonnant ici se niche dans les changements de rythme et de propos. Le jeu de miroir et de ressort de Loom vient s’opposer totalement à la noirceur dorée de Eddies qui elle est pleine d’un geste d’explosion. Les circulations des corps étonnent, dans des rewinds fascinant ( Eddies), des enchevêtrements ( PlayBach), du sur-place ( Loom).
Janvier est décidément le mois de Yuval Pick qui présentait en son début sa très belle création Acta est fabula, plus emplie d’humour. Comme toujours chez lui, la part israélienne se voit dans le mouvement. La masculinité qui vient emprunter aux arcanes des danses orthodoxes, les bassins roulent comment dans la danse orientale. Mais ici, tout n’est que réminiscence, sans premier degré. Pick ne cherche pas l’élégance, même si souvent, le beau surgit ( Eddies), mais essentiellement le travail, très théâtral d’interaction entre les interprètes, qui transmettent une joie d’être ensemble communicative.
Visuels : © Amandine Quillon