“Animal” de Daniel Abreu au festival June Events
Le chorégraphe espagnol Daniel Abreu propose avec Animal une rêverie dans les sous bois, où s’éveillent sens et instincts, pulsions de vie et de mort. Un regard sur l’homme contemporain empreint de poésie, rappelant que sa part animale y règne toujours en maîtresse.
D’emblée, Animal s’ouvre sur un monde sylvestre en clair-obscur, où les bruits des eaux, des vents et des oiseaux viennent bruisser à nos oreilles. En contrepoint, le sol d’un blanc lumineux grainé de noir singularise cette image presque impressionniste.
Toute la pièce se nourrira de cette harmonieuse opposition entre des éléments, traités de manière presque désuète, empruntés à l’iconographie de la nature et de la mythologie auxquelles viennent se frotter des objets ancrés dans notre imagerie contemporaine, paire de talons aiguilles, coiffe en plume d’autruche, tenue de femme à paillette, microphone sur son trépied chromé.
La danse des cinq interprètes emprunte avec finesse aux mouvements animaux, dans leur puissance ou leur vivacité, leur capacité à lâcher prise ou à s’épuiser. Mouvements instinctifs et nécessaires : pas de place pour l’anecdotique dans cette poésie là.
Mais Daniel Abreu n’est pas ici dans la radicalité d’une recherche sur le mouvement, il mobilise de nombreuses ressources spectaculaires afin de créer un univers onirique qui n’est jamais grave ou dur, mais plutôt sensuel et apaisant.
Tout semble se vivre avec une distance veloutée, une quête des ressorts profonds de l’existence humaine : amour, sexualité, adversité tels qu’ils s’éprouvent dans les corps et tissent la trame de nos actes, tandis que se laissent parfois distinguer les silhouettes furtives des satyres et des nymphes.
Vu au Festival June Events le 10 juin.
Le festival se prolonge jusqu’au 20 juin. Tout le programme ici.
Visuel ©Yassiek