Comédie musicale
« Love Circus » : un mélange des genres pour un shoot de sensations

« Love Circus » : un mélange des genres pour un shoot de sensations

18 December 2014 | PAR La Rédaction

Après Disco et Salut les copains, la troupe de Stéphane Jarny revient avec Love Circus, une revue qui mêle chant, danse et arts circassiens, aux Folies Bergères jusqu’au 11 janvier. Au programme de ce music-hall: de la joie, de la légèreté, des frissons et de la romance.

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Après Disco et Salut les copains, la troupe de Stéphane Jarny revient avec Love Circus, une revue qui mêle chant, danse et arts circassiens, aux Folies Bergères jusqu’au 11 janvier. Au programme de ce music-hall: de la joie, de la légèreté, des frissons et de la romance.

Le mélange des genres semble être un phénomène de mode dans le monde du spectacle : les humoristes mettent en scène des passages chorégraphiés et chantés, les concerts deviennent des shows sons et lumières et même les cirques ont des intermèdes musicaux live. On n’avait pas encore vu de music-hall intégrant à chacune de ses scènes des numéros de cirque (mât chinois, acrobaties, trampoline) et c’est en cela que Love Circus est une œuvre originale et réussie.

Pourquoi un tel mélange des genres ? D’abord pour un effet visuel. Stéphane Jarny intègre à son spectacle musical des artistes de cirque pour donner du rythme et du mouvement à la mise en scène. Les jeux d’équilibres, de trampoline et les acrobaties s’ajoutent à des chorégraphies endiablées et ne cessent de nous étonner tout au long de ces 2 heures de show. On passe de surprises en surprises, les « oh » et les « ah » des spectateurs se faisant entendre ici ou là dans la salle, tant les prestations de ces « athlètes » sont multiples et riches, empêchant le spectateur de se laisser aller à une contemplation passive. On s’extasie devant leurs exploits et on tremble aussi un peu quand leurs numéros deviennent périlleux.
Car il s’agit bien de cela. « Les spectateurs ont besoin d’avoir des sensations, le monde circassien nous apporte ça » (Interview Télématin, France 2, 25 octobre 2014) commente le metteur en scène. Il faut surprendre le spectateur (blasé ?) et le sortir de son quotidien routinier. Ces sensations fortes se superposent aux sensations musicales pour que le public « ressente », vibre et vive intensément, le temps d’une représentation.
On retiendra une scène en particulier, illustration parfaite de ce shoot de sensations qui réveille notre oreille aussi bien que notre regard. Simon Heulle, gagnant de la saison huit de l’émission « La France a un incroyable talent », maître de son art, le mât chinois, en duo avec Lola Ces (Rose) sur « L’hymne à l’amour ». Lui ne fait pas d’acrobatie, il danse, il interprète et nous hypnotise. Elle chante à merveille et transcende une chanson qu’on pensait ne pas pouvoir apprécier dans la bouche d’un autre que Jacques Brel. Leurs voix et leurs corps dialoguent pour un pur moment de grâce et de bonheur.

Le reste de la troupe chante et danse à merveille, les costumes et décors sont riches et drôles. On retrouve avec joie les chansons d’amour qu’on connaît par cœur et qu’on chuchote assis sur son siège : « L’hymne à l’amour », « All you need is love », « When a man loves a woman » ou encore « Calling you ». Deux voix sensationnelles se font particulièrement remarquer: le grain rauque et vibrant de Maximilien Philippe (Couteau) et le timbre nuancé et puissant de Sofia Mountassir (Octave) qui nous fait frissonner à chaque fois qu’elle chante et particulièrement dans son interprétation de « I will always love you ».

Au cœur de ce show hors norme, un thème classique mais puissant. Love Circus, comme son nom l’indique, parle d’amour, source inépuisable de sensations fortes. Mais dans la tradition du music-hall inventé en 1886 par Edouard Marchand aux Folies Bergères elles-mêmes, l’histoire n’est finalement que le prétexte à la mise en scène de tableaux d’ensemble chantés et dansés. Dans cette revue donc, point de scénario fouillé, de personnages dépeints avec profondeur. Il faut alors un peu de temps pour s’intéresser à l’histoire. Deux sœurs à la tête des Folies Bergères, de génération en génération, sont liées par un pacte, celui de ne jamais tomber amoureuses, l’amour ayant fait le malheur de toutes les femmes de la famille. Le maître de cérémonie, joué par le talentueux Vincent Heden (Ombre), aide un peu mais quand il se présente comme un fantôme qui hante les lieux depuis 140 ans, on reste sceptique.
La deuxième partie est plus rythmée avec des intrigues amoureuses légèrement développées mais ce sont les voix puissantes et les harmonies délicieuses qui provoquent le frisson et nous font oublier la pauvreté des dialogues et de l’histoire. C’est en effet grâce à la jolie voix d’Aurore Delplace (Violette) qu’on pardonne le mécanisme primaire qui amène la chanson « Calling you » : le personnage ne parvient pas à joindre son fiancé au téléphone et entame « Calling you » (Je t’appelle). C’est malheureusement trop faible pour gagner complètement le cœur du public.

Alors c’est vrai, on n’est pas convaincu par l’histoire. Mais les artistes de Love Circus sont talentueux et généreux. On rit, on danse et on finit même par danser sur le tube de Pharell Williams « Happy » qui clôture la prestation. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de voir des spectateurs se dandiner et fredonner en sortant du théâtre. Alors si l’on va au spectacle pour se shooter de bonne humeur, être surpris, « ressentir » des émotions, et repartir avec le sourire, Love Circus doit figurer sur sa liste des spectacles à ne pas manquer.

Photo : Vincent Thomas

Marie Aveillan.

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