Comédie musicale
La petite boutique des horreurs ouvre ses portes à l’Opéra Comique

La petite boutique des horreurs ouvre ses portes à l’Opéra Comique

15 December 2022 | PAR Yohan Haddad

Adaptée des films de Roger Corman et d’une comédie musicale américaine des années 1980, l’Opéra Comique accueille une nouvelle version savoureuse de ce conte fantastique aux accents 60’s, délicieusement réadaptée aux standards d’aujourd’hui.

Une œuvre intemporelle

Il est facile de croire que La Petite Boutique des Horreurs soit ce film musical culte des années 1980, porté par le célèbre cabotinage de Rick Moranis en gentil vendeur de fleurs submergé par une plante un peu trop carnivore. Pourtant, il faut remonter aux années 1960 pour découvrir qu’il s’agit d’un film original de Roger Corman, cinéaste de séries B dénicheur des plus grands talents du Nouvel Hollywood, à l’image de Francis Ford Coppola.

En 1982, Alan Menken et Howard Ashman réadapte le film sous la forme d’une comédie musicale, jouée en Off-Broadway, et qui va permettre la naissance du film Disney moins de 4 ans plus tard. En 1986, le spectacle s’importe pour la première fois en France. 2022 sonnait l’heure d’une réadaptation : c’est désormais chose faite avec cette nouvelle version proposée par Valérie Lesort et Christian Hecq, sociétaire de la Comédie-Française, au sein de la grande Salle Favart de l’Opéra Comique.

Au cœur d’un décor composé de la simple boutique de fleurs ouverte face au public, situé au milieu d’une rue construite d’un feu rouge et d’un banc, le spectacle joue sur cette nostalgie délicieusement sixties, avec tout son lot de poncifs et clichés, au plus grand bonheur du spectateur : vestes en cuir rouges, coiffures blondes de pin-up, costumes de chanteuses dans le style Supremes… Tout est réuni pour plonger le spectateur à l’intérieur d’une décennie qui passionne toujours autant, avec son imagerie iconique qui n’en finit pas d’être reprise. Pour jouer ces personnages extravagants, le spectacle mise sur un casting exceptionnel de drôlerie, avec Judith Fa en une Audrey particulièrement pétillante, ingénue amoureuse du fleuriste Seymour, joué par le délicieux Marc Mauillon qui n’hésite pas à sacrifier une partie de son entourage pour nourrir cette plante maléfique qui fait a fait sa renommée. Il est également important de mentionner la performance frénétique de Damien Bigourdan, incarnant l’infâme dentiste et “boyfriend” d’Audrey avec sa moto minuscule, ainsi que toute une flopée de rôles secondaires féminins et masculins.

Ex-fan des sixties

Comment ne pas fredonner le célèbre thème de La Petite Boutique des Horreurs, chanté en ouverture par l’excellent trio Crystal, Ronette et Chiffon, témoins chantantes des évènements du spectacle ? Tâche difficile tant les numéros enchantent, particulièrement quand ils sont emprunts de cette cocasserie ironique, comme avec ce numéro où Audrey chante le rêve d’une vie meilleure, une vie de housewife, où machine à laver, mixeur et télévision (joués par des acteurs grandeurs natures !) font leur apparition sur la scène pour appuyer le propos. D’autres séquences musicales jouent sur ce caractère fantasque, comme avec ce numéro très impressionnant où Seymour et Audrey doivent répondre à un nombre important de demandes téléphoniques, où bien quand le spectacle fait chanter la plante, plus vrai que nature, et animée par un marionnettiste.

Après deux heures de spectacles, notre enchantement atteint son paroxysme à travers un numéro final merveilleux, où la distribution entière se réunit autour du trio féminin pour nous indiquer de « ne pas nourrir les plantes », épilogue délicieusement sinistre, où la musique rock n’roll des années 1960 alimente le contraste avec force.

La Petite Boutique des Horreurs – D’après le film Little Shop of Horros de Roger Corman, et de la comédie musicale originale d’Alan Menken et Howard Ashman – Jusqu’au 25 décembre à l’Opéra Comique

Visuel : Judith Fa et Marc Mauillon © Stefan Brion

 

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Yohan Haddad

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