Cirque
“Vanavara”, un spectacle de sortie de la 28ème promotion du CNAC décevant

“Vanavara”, un spectacle de sortie de la 28ème promotion du CNAC décevant

21 January 2017 | PAR Mathieu Dochtermann

En ce moment et jusqu’au 12 février, les étudiants de la 28ème promotion du CNAC présentent leur spectacle de sortie, intitulé Vanavara, sous les chapiteaux de La Villette. Malgré de remarquables talents individuels, les jeunes circassiens n’arrivent pas à se désengluer d’une mise en scène qui ne les met pas en valeur. Pour attristant que cela soit, on ne peut que constater que le spectacle n’est racheté ni par sa scénographie encombrée ni par son rythme mal pensé.

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Toute La Culture avait eu l’occasion d’assister aux toutes premières représentations de Vanavara, le spectacle de sortie de la 28ème promotion du CNAC, et n’avait pas été totalement convaincu. Impression confirmée avec l’arrivée du spectacle à La Villette: la mise en scène invisibilise la plupart des artistes, et plonge le spectateur dans un brouhaha visuel où l’assoupissement le menace.

Ce n’est pas à dire que les artistes circassiens soient mauvais: on aurait même plutôt envie d’affirmer le contraire au vu des rares numéros qui ressortent du ballet de déplacements constant et confus imposé par la mise en scène. Ainsi, le numéro de sangles de Théo Baroukh est empreint de force et de beauté, et Marlène Vogele déploie une maîtrise et une audace folles au trapèze ballant. Guère en reste, les numéros de Nora Bouhlala Chacon et de Camila Hernandez sont parfaitement convaincants, tandis que l’acro danse de Johan Caussin, si brève soit-elle, laisse une impression de grâce légère. On aimerait retenir davantage de performances individuelles, mais force est de constater que beaucoup d’artistes sont parasités dans leur passage sur leur agrès par la masse toujours mouvante des corps de leurs camarades.

Car la mise en scène ne laisse que peu de temps de répit aux circassiens ou à l’oeil du spectateur: de l’exercice de style des scènes de groupe, obligé dans le spectacle de sortie du CNAC, le metteur en scène fait ici un principe, mais sans le talent de la Compagnie XY. Ca court, ça bondit, ça rebondit, en permanence, le regard est perpétuellement distrait et perturbé par des choses inutiles ou en tous cas ni lisibles ni exploitées, tels les dessins tracés à la peinture blanche sur le décor pendant tout le spectacle. Il est extrêmement dommage de tranformer cette occasion donnée à chaque étudiant(e) sortant(e) de de montrer son talent en une débauche de galipettes et autres reptations en groupe, d’où seuls quelques solos sont autorisés à émerger. D’ailleurs, même lorsque c’est le cas, l’artiste peut encore être desservi par un manque de sens ou d’inventivité: ainsi des passages d’Anahi De Las Cuevas au cerceau aérien, réussis techniquement mais à la charge émotionnelle nulle, car ils sont servis sans enjeu dramatique ni mise en valeur scénique.

On apprendra a posteriori que Vinavara est le nom d’un village russe où une météorite s’est écrasée dans le courant du XXème siècle – rien n’aurait permis de le deviner. Le décor clairement post-apocalyptique a des relents d’années 80, comme un Mad Max en papier mâché mâtiné d’un vague exotisme, avec des évocations totémiques et des peintures vaguement aborigènes. Ou pas. La scénographie est encombrée, saturée de gadgets. De nombreux tableaux de groupe sont en réalité réussis, nous apprennent les photographies – sauf qu’il faudrait pour en profiter avoir la chance d’être dans le bon axe, et qu’un élément de décor ne bouche pas la vue.

Il faut tout de même reconnaître que certaines choses fonctionnent très bien, mais elles sont trop isolées pour tenir le spectacle à elles seules. Ainsi les passages dansés, et la chorégraphie dans son ensemble, sont plutôt réussis. Encore une fois, certaines scènes de groupe sont assez belles, notamment l’entrée en scène de la masse protéiforme des artistes au début du spectacle – le problème provenant du fait qu’on les enferme dans cette configuration l’essentiel du temps.

Ce spectacle souffre d’autant plus si l’on fait la comparaison avec celui de l’an passé, Avec vue sur la piste, qui était, lui, tout en bonne humeur communicative et en légèreté: en un mot, empreint de générosité. De Vanavara, on ne retiendra probablement pas même le nom… et c’est bien dommage.

Les 15 interprètes de la 28e promotion: Théo Baroukh sangles, Nora Bouhlala Chacon corde, Johan Caussin acrobatie, Sébastien Davis-Van Gelder & Blanca Franco main à main, Anahi De Las Cuevas cerceau aérien, Adalberto Fernandez Torres contorsion, Clotaire Fouchereau acro-danse, Löric Fouchereau & Peter Freeman main à main, Nicolas Fraiseau mât chinois, Camila Hernandez mât chinois, Lucie Lastella-Guipet roue Cyr, Thomas Thanasi trampoline – acrobatie, Marlène Vogele trapèze ballant

mise en scène Gaëtan Levêque
chorégraphie, Marlène Rubinelli-Giordano
collaboration artistique Chloé Duvauchel
scénographie Goury
création lumière Hervé Gary
composition musicale Bertrand Landhauseur et Stéphane Podevin
création costumes Mélinda Mouslim
régie générale Julien Mugica
régie plateau Jacques Girier
régie lumière Vincent Griffaut
régie son Stéphane Podevin
avec le regard complice de Sylvain Decure

Visuels: (C) C. Raynaud de Lage

Infos pratiques

Le Chêne
Arras Film Festival
Guisgand-Quentin

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