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Le Festival Mondial du Cirque de Demain est bloqué à hier

Le Festival Mondial du Cirque de Demain est bloqué à hier

03 February 2017 | PAR Mathieu Dochtermann

Comme chaque année, le Festival Mondial du Cirque de Demain a eu lieu à Paris. Rendez-vous important de la profession, fête populaire, il a du mal à proposer des numéros qui sortent du carcan de la pure performance technique et physique. Beaucoup de numéros déçoivent complètement sur le plan artistique, même si quelques pépites surnagent.

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Le Festival Mondial du Cirque de Demain, c’est, chaque année à la même époque, un grand rassemblement de circassiens venus de tous les horizons et de toutes les disciplines, qui rivalisent d’adresse et d’ingéniosité, sous les yeux du public et du jury parisiens. Le 38ème Festival se tenait ainsi les 27, 28 et 29 janvier sous l’un des chapiteaux de la pelouse de Reuilly.

Sur le plan artistique, disons le tout de suite, on en ressort déçus. En guise de Cirque de Demain (avec un “D” majuscule, on le notera), on nous sert en réalité un cirque de gymnastes, où la plupart du temps l’ambition artistique se situe davantage du coté de la création lumière que du coté des circassiens. Il faut croire que cette hyper-technicité paie, puisque certains des numéros les moins créatifs (ou dans le registre le plus attendu) finissent primés. Car c’est bien là le grand enjeux pour ceux qui se produisent, puisque de nombreux prix sont décernés sur ces trois jours, en plus de l’exposition médiatique offerte. Il n’empêche: ce cirque de demain a un fort goût de cirque d’hier.

Heureusement, quelques artistes sortent du lot et relèvent le niveau. Nos préférés, et de loin, déjà vus au Monfort dans le cadre du spectacle Terabak de Kyiv, Josefina Castro Pereyra et Daniel Ortiz, éblouissent les spectateurs assoupis après l’entracte. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas, en décernant son Prix à ce duo qui travaille le cadre aérien avec sensibilité, élégance et audace. Masha Terentieva, dans un numéro d’acrobaties aérienne à la scénographie travaillée, constitue une autre très bonne surprise, à la fois gracieuse et dotée d’une forte théâtralité. Elle remporte d’ailleurs le maximum de prix, de tous les artistes en lice. Enfin, très bons même si pas notre premier choix, le cirque “La Compagnie” présente un numéro mêlant planche coréenne (beaucoup) et mât chinois (un peu), avec un sens du rythme et de l’humour qui rendent leur passage très sympathique.

Au-delà de ces considérations, difficile de s’empêcher d’être interpelé par le relatif mépris avec lequel les spectateurs sont traités lors de ce rendez-vous populaire et familial: sans parler des sièges très inconfortables, qui sont monnaie courante dans les cirques, le prix astronomique des places vaguement bien placées ainsi que du moindre service (même les toilettes sont payantes), les techniciens qui préparent à la visseuse électrique en plein milieu du Festival l’affichage du spectacle suivant, rien ne concourt à rendre le moment agréable aux familles qui viennent y assister. Et que leur donne-t-on à voir pour le prix de leur douleur…? Alors qu’il existe des façons autrement plus belles (et mieux accueillantes!) de faire un cirque populaire, il n’y a pour s’en convaincre qu’à regarder le magnifique travail des Krilati, des Dromesko ou du Cirque Electrique… (pour ne citer qu’eux… on ajouterait facilement à cette courte liste, en partant de Baro d’Evel Cirk par exemple, ou du Collectif Petit Travers…) qui opèrent avec combien plus de finesse, en ayant l’élégance de ne pas partir du principe que leur public est inaccessible à la beauté ou à la poésie.

Visuels: (C) Marlène Braka, Malena Martin, Pamela Raith

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Mathieu Dochtermann
Passionné de spectacle vivant, sous toutes ses formes, des théâtres de marionnettes en particulier, du cirque et des arts de la rue également, et du théâtre de comédiens encore, malgré tout. Pratique le clown, un peu, le conte, encore plus, le théâtre, toujours, le rire, souvent. Critère central d'un bon spectacle: celui qui émeut, qui touche la chose sensible au fond de la poitrine. Le reste, c'est du bavardage. Facebook: https://www.facebook.com/matdochtermann

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