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[Ciné-concert] “Retour vers le Futur” au Palais des Congrès

[Ciné-concert] “Retour vers le Futur” au Palais des Congrès

15 June 2015 | PAR Simon Théodore

À l’occasion du 30 ème anniversaire du film de Robert Zemeckis, Retour vers le Futur, le Palais des Congrès proposait un spectacle immanquable pour les fans de la saga. Réécrite et interprétée par le Star Pop Orchestra, la bande originale du film est jouée, en direct, par un orchestre de plus de 80 musiciens, dirigé par Christophe Eliot. Habitués aux musiques de jeux vidéos et de comédies musicales, ces musiciens talentueux ont accompagné le spectateur dans les couloirs du temps.

Il est un peu plus de 20h quand, sous un tonnerre d’applaudissements, les musiciens arrivent sur scène. Le chef d’orchestre s’installe en dernier et salue rapidement le public. Plongé dans le noir, le thème principal retentit dans la salle et les premières images se retrouvent projetées sur un écran géant. Les plus fanatiques sifflent, tapent des mains et l’envie de chanter la mélodie se fait tout de suite ressentir. Durant la première demi-heure, l’apport de l’orchestre symphonique n’est pas réellement percutant ; le choix entre regarder ce classique du cinéma et profiter du jeu des instrumentistes est difficile.

Le premier grand moment du spectacle est bien la découverte de la célèbre DeLorean. “Quand on invente une machine à remonter le temps, il faut le faire avec classe” explique le docteur Emmett Brown. Alors que les musiciens appuient le suspens, la voiture apparaît. Marty Mcfly n’a à peine le temps de réaliser l’invention que s’ensuit la frénétique course poursuite avec les Libyens. Malheureusement, le Doc décédera… le tragique s’installe. C’est bien dans les instants où le rythme du film s’emballe que la présence d’un orchestre symphonique prend tout son sens. Pourchassé par Biff Tannen et ses acolytes, McFly inventa le skateboard en découpant un cageot sur roulettes tandis que le grand méchant finira sa course dans un tas de fumier. Les applaudissements retentissent de nouveau car, même si l’on connait le film sur le bout des doigts, l’intensité de l’action était parfaitement  retranscrite.

Ce film fête déjà ses trente ans. Beaucoup, dans la salle, n’étaient pas nés à sa sortie en cinéma. Il est passionnant de se replonger dans l’histoire et de comprendre comment le septième art américain des années 1980 dresse le portrait de la société des années 1950. Ce retour dans le temps impose des scènes cocasses, absurdes et délirantes à notre héros. Son père, au même âge, se fait victimiser ; il se fait draguer par sa mère ; toutes ses interactions ne doivent pas perturber le continuum temps. Plus intéressant encore, comment imaginer, en 1955, que Ronald Reagan est devenu le 40ème président des États-Unis ? Le Doc en suggère quelques pistes…

Le spectateur ne regarde pas le film, il ne regarde pas non plus l’orchestre symphonique interpréter la bande son. Il vit littéralement l’instant présent, dont la magie est renforcée, sans qu’il ne s’en rende compte, par tous ces musiciens talentueux. La seconde moitié de la projection est d’autant plus intense. Rythmée par les ovations du public, certaines scènes suscitent l’émoi. George McFly sera félicité pour son coup de poing fracassant face à Biff et le solo de McFly, accompagné par les Starlighters, sera digne des prestations de Van Halen !

Le chef d’orchestre, Christophe Eliot, vit aussi l’instant avec passion. Dos au public, tiraillé entre deux mondes, il dirige d’une main de maître sa troupe et profitera du film. Discrètement, il ne pourra s’empêcher de remuer la tête sur “The Power of Love” (Huey Lewis and the News) et il usera de sa baguette pour quelques notes de air guitar durant le fameux blues de Chuck Berry “Johnny B Good”. Très vite, il faudra se reconcentrer pour amener le grand final… Appuyé par les cuivres, l’orage gronde. McFly va t-il pouvoir retourner dans le futur ? Le vent souffle, l’atmosphère est électrique, les instrumentistes s’agitent et la pression monte progressivement. La baguette du virtuose virevolte dans tous les sens, tous les instruments jouent simultanément et s’emballent. À présent, la musique englobe la grande salle du Palais des Congrès, résonnant ainsi dans les corps. L’éclair frappe l’horloge et, lancée à 140 km heure, la Delorean disparaît. Alors que les applaudissements n’ont jamais atteint un tel niveau au cours de la soirée, Doc se retrouve seul dans la rue de Hill Valley. Ébahi, stupéfait, il n’en croit pas ses yeux : son invention a fonctionné !

La pression redescend alors tranquillement et les quelques orchestrations nous accompagnent paisiblement vers la fin du film. Un ultime rappel sera effectué devant une foule, levée de ses sièges. Si Retour vers le Futur n’est pas forcément le film le plus épique et propice à ce genre de performance, il n’empêche que cela rajoute une dimension et une émotion supplémentaire à un long métrage déjà intense. Alan Silvestri est un grand compositeur de musique film ; sa bande originale fut magistralement interprétée et ce type d’événement permet de repenser, dans la création cinématographique, l’importance de la musique ! Ce fut donc une agréable soirée, riche en émotions et, en plus de réconcilier certains avec la musique symphonique, cela laisse imaginer ce que pourrait donner l’adaptation des oeuvres de Hans Zimmer et de Howard Shore.

Visuels : affiche du spectacle / (c) Simon Théodore

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