Danse
Avec “Animal”, Manolo et Kaori Ito inversent avec élégance les rapports entre les hommes et les chevaux

Avec “Animal”, Manolo et Kaori Ito inversent avec élégance les rapports entre les hommes et les chevaux

20 November 2022 | PAR Julia Wahl

Manolo Bez, du Théâtre du Centaure, a fait appel à la chorégraphe Kaori Ito pour son spectacle Animal. Il joue aux Gémeaux jusqu’au 22 novembre.

L’odeur du foin chatouille les narines. Le projecteur blanc, en fond de scène, donne à l’herbe coupée des allures de graviers. Au centre, un cheval noir, nu.

La lumière blanche projette en direction des spectateurs la majestueuse ombre de l’animal. Située dans un angle, elle crée au sol une diagonale lumineuse, métaphore du spectacle tout entier : c’est de biais, par la petite porte, que nous accéderons aux étranges amours d’un cheval et de son maître. 

Est-ce son maître ? Est-ce son amant ? C’est à une remise en cause des relations homme/animal que nous invite le spectacle. Une petite révolution qui nous rappelle que, de Jason et du Centaure Chiron, c’était Chiron le Maître. 

Ainsi en est-il du spectacle Animal, où tou.te.s les humain.e.s semblent au service des chevaux. Accompagnant de son bel accordéon noir la danse des équidés, la circassienne Johanna Houe, notamment, crée par sa silhouette, noire elle aussi, tantôt un parallèle, tantôt un contrepoint avec son partenaire à crinière. De son côté, la danseuse Léonore Zurflüh, habituée des spectacles de Kaori Ito, joue avec l’animal sans jamais le toucher : ses pointes sur le foin renouent avec un vieux fantasme d’envol, tandis que ses courses endiablées autour du cheval soulignent par contraste l’immobilité princière de ce dernier.

Mais c’est bien sûr Manolo en personne qui tente de faire un avec les chevaux. Il nous accueille tout d’abord sur la croupe de l’un d’eux, penché sur son encolure, comme pour se fondre en lui. Qu’il se redresse et les voici qui forment un Centaure à deux têtes, trottant et sautillant au gré de la musique. Les pattes fuselées de l’animal, tendues vers le sol, imitent alors les pointes de Léonore Zurflüh. Que la musique s’accélère et ils perdent toute humanité – bestialité ? – en un humour qui n’est pas sans relation avec la définition bergsonienne du rire.

Enfin, le travail musical est une part importante de la partition qui nous est présentée ce soir : elle dirige le cheval autant que la danseuse et participe de la variété de la soirée. Entre musique primesautière et lamento plus mélancolique, l’une des réussites du spectacle est en effet la diversité des émotions qu’il procure. La présence à vue des musiciens, Virgile Abela et Anwar Khan, y est pour beaucoup : la guitare du premier alterne avec le tabla du second, qui deviennent des personnages à part entière.

Manolo et Kaori Ito nous livrent ici un spectacle plein d’émotions, d’humour et de découvertes.

 

Distribution

Manolo, Kaori Ito, Léonore Zurflüh, Johanna Houe, Virgile Abela, Anwar Khan et les chevaux Indra, Arjuna, Nakula et Sahadeva.

En tournée

25 – 26 novembre 2022 – Le Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
26 janvier – 5 février 2023 – BIAC 2023, Marseille (7 dates)
5 mai 2023 – Quai 9, Lanester
7 – 8 mai 2023 – Haras d’Hennebont (en extérieur)
13 – 14 mai 2023 – Baie du Mont-Saint-Michel, Communauté d’Agglomération (en extérieur)

Visuel : ©Anais Baseilhac

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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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